Saint-François de Molitor

Eglise Saint-François de Molitor

44 rue Molitor, Paris 16e

M° Michel Ange-Molitor

Visites ACF/Paris : 01 46 51 37 54
www.saintfrancoisdemolitor.fr

L‘église Saint-François de Molitor est située sur l’emplacement d’une chapelle construite en 1941 pour prier la Vierge d’intercéder pour la paix. Les frères Capucins qui en ont eu la charge, la mettent sous le vocable de saint François d’Assise1. Lors du regroupement des religieux dans les années 1980 au siège parisien de l’ordre, rue Marie-Rose (à Paris dans le 14arrondissement), la chapelle est confiée à un chapelain, prêtre du diocèse.

Saint-François de Molitor est un havre de paix construit entre ville et jardin. Croquis de J-M Duthilleul, architecte .

En 1996, Mgr Lustiger érige en paroisse la communauté des fidèles qui continue de s’y développer et compose son territoire à partir de ceux de Notre-Dame d’Auteuil et de Sainte-Jeanne-de-Chantal. En même temps, il lance un projet de reconstruction de la chapelle devenue vétuste, trop exiguë et inadaptée.

Cette nouvelle église paroissiale est la plus récente des sept églises réalisées dernièrement à Paris. Conçue dans le respect des orientations du Concile Vatican II (1962-1965), elle répond également au souci du Cardinal de créer des lieux de culte plus petits et plus proches des habitants d’un quartier.

Mgr André Vingt-Trois, alors nouvel archevêque de Paris, la consacre le 18 mars 2005 sous le patronage de saint François d’Assise.

L’église s’ouvre de plain-pied sur la rue Molitor qui en est aussi le parvis*. Elle se détache dans l’alignement des façades par ses trois portes monumentales de bois sombre2 qui s’ouvrent sur trois largeurs, en référence à la Sainte Trinité*, et aussi sur trois hauteurs.

Dans l’angle gauche de l’église, un petit clocher surmonté d’une croix en bois contient un carillon de quatre cloches : Marie, Claire, Marc et Pierre3. Le marbre clair de Cavalla qui le recouvre ainsi que la façade, distingue l’édifice des immeubles environnants et marque son caractère sacré.

Les fines feuilles de marbre contrecollées sur la façade rendent l’église translucide. La nuit, un éclairage révèle sa présence dans la rue.

A l’angle de la façade, une statue monumentale de saint François d’Assise, jeune et dynamique, paraît surgir du trottoir. Sculptée par Alain Courtaigne 4dans un seul bloc de granit blanc de Galice de cinq mètres de haut, elle représente le saint en marche vers Dieu, portant l’Agneau mystique tel que le décrit l’Apocalypse (Ap. 5, 6). De nombreux détails évoquent la vie du saint, proche de la nature et de la Création5.

La pierre rose encastrée dans le seuil est la pierre de fondation que les paroissiens ont rapportée d’Assise lors d’un pèlerinage en 1995. Placée à l’entrée du narthex*, espace de transition où les bruits de la ville s’effacent, elle marque l’origine d’un axe symbolique qui traverse tout l’édifice.

L’intérieur de l’église.

Par les trois portes vitrées, on pénètre dans le sanctuaire qu’une grande verrière, située au nord, inonde de sa lumière constante et paisible6. Les murs incurvés des tribunes, en calcaire blond de Saint-Maximin, accueillent les fidèles comme deux bras ouverts. Ils portent les croix de consécration* en métal plié. Le sol blanc et lisse descend doucement vers l’autel, formant un léger gradin.

La forme elliptique est récurrente dans l’art sacré notamment au Moyen Age où, sur les tympans, la mandorle* qui entoure le Christ symbolise la gloire de sa Résurrection. Rare en architecture sacrée, elle apparaît parfois au 20e siècle comme une réponse juste à l’orientation majeure du Concile en faveur de la participation active des fidèles7.

Croquis de Jean-Marie Duthilleul.

Habituellement distincts, les espaces liturgiques de la nef et du chœur se fondent ici en un seul et même espace qui rassemble les fidèles autour de l’autel avec les célébrants. Ces derniers prennent place sur des bancs qui ne se distinguent de ceux des fidèles que par la couleur de leur bois (acajou et chêne). Le volume ainsi créé évoque une barque, symbole traditionnel de l’Eglise8.

Cette disposition signifie clairement que l’assemblée est unie en un seul corps dont la tête est le Christ.

Sur le grand axe de l’ellipse, se succèdent les lieux où  sont célébrées les étapes essentielles de la vie chrétienne : le baptistère*, lieu du baptême, l’autel*, lieu de l’Eucharistie, l’ambon*, lieu de la Parole. Ces éléments de mobilier sont en marbre blanc de Carrare. Les faces de l’autel et de l’ambon sont bouchardées9 pour leur donner un bel éclat en accrochant la lumière.

Une immense croix de gloire*, en acier recouvert de feuilles d’or se dresse devant une verrière grenaillée10 qui évoque la nuée où, de l’Exode à la Transfiguration, Dieu s’est manifesté aux hommes.

Cet ensemble ouvre l’église sur un jardin (allégorie du Paradis) et fonctionne comme un vitrail au gré des heures et des saisons11. Au plafond, la verrière se prolonge jusqu’au puits de lumière aménagé à l’aplomb de l’autel. Les poutres, graduellement espacées, répartissent l’intensité de la lumière.

Le fragment du retable bourguignon (14e siècle) représente une descente de croix*. Le Christ est entouré de la Vierge Marie et de l’apôtre Jean. Joseph d’Arimathie recueille le corps du Christ. Un quatrième personnage retire un clou de son pied. Cette scène colorée est intense et pleine de tendresse (œuvre anonyme, dépôt de la Commission d’Art Sacré du Diocèse de Paris).
Quatre cercles resserrés soutiennent la coupe du calice dessiné par Jean-Marie Duthilleul.

A droite du sanctuaire, trois ouvertures égales donnent accès à l’oratoire placé sur le petit axe de l’ellipse, orienté à l’est, le point où le soleil se lève. L’ouverture centrale, doublée d’or fin, est surmontée d’un crucifix. Elle encadre le tabernacle* fermé par une feuille de marbre de Carrare, polie et légèrement ondulée. Douze langues de feu en cuivre doré rappellent la Pentecôte, jour où Marie et les Apôtres reçurent l’Esprit, force promise par Jésus avant son Ascension12.

Les architectes, Corinne Callies 13 et Jean-Marie Duthilleul14 ont conçu cette église dans sa globalité, depuis le cube où s’inscrit l’ellipse du sanctuaire, jusqu’au moindre des détails : baptistère, autel, bancs, ambon, croix de consécration, candélabres, tabernacle, calice etc…

Les formes et les volumes, droits ou incurvés, qu’ils ont fait naître du béton, du calcaire, du marbre, du bois ou du verre, créent un ensemble dépouillé, pur, serein et chaleureux.

Lors de la célébration de la messe, l’église Saint-François de Molitor peut réunir jusqu’à 450 personnes en une communauté où chaque membre se voit, s’accueille, se connaît et se reconnaît comme membre de l’Église, comme membre du corps du Christ. L’espace ainsi créé favorise la participation des fidèles à la prière communautaire15.




Glossaire
 * Autel : lieu du sacrifice eucharistique où, pendant la messe, le pain et le vin sont consacrés et deviennent Corps et Sang du Christ.
* Ambon : à l’origine, c’est une petite tribune en avancée du chœur d’où le célébrant proclame la Parole de Dieu.
* Baptistère : aussi appelé fonts baptismaux (littéralement fontaine du baptême) ; son emplacement près du seuil de l’église signifie que le baptême est le sacrement de l’entrée dans la communauté ecclésiale. “[...] être baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ “ (He 6, 02).
* Croix de consécration : toujours au nombre de douze, elles rappellent les Apôtres de Jésus et gardent, sur les murs, la mémoire de l’emplacement où l’huile de consécration (saint chrême) a été déposée lors de la dédicace de l’église.
* Croix de gloire : contrairement au crucifix, croix sur laquelle Jésus est représenté crucifié, la croix de gloire reste nue et signifie sa résurrection.
* Descente de croix : représentation du moment où l’on détacha le corps du Christ de la croix, après sa mort ; Jean et Marie y sont généralement représentés, parfois avec d’autres témoins de l’événement.
* Mandorle : ce mot d’origine italienne (mandorla) signifie amande ; cette forme ovale est utilisée pour symboliser un rayonnement lumineux ; quand elle entoure le Christ ressuscité, elle exprime sa gloire, sa majesté et son autorité.
* Narthex : espace spécifique situé à l’entrée de l’église, jadis réservé aux catéchumènes qui se préparaient au baptême et aux pénitents ; ici, il sert à l’accueil, à la rencontre et distribue les circulations dans le bâtiment ; un confessionnal y est aménagé derrière une porte noyée dans le mur de gauche.
* Parvis : ce mot est en lui-même une promesse biblique faite dans la ville car il vient d’un mot persan qui signifie jardin et par extension paradis.
* Tabernacle : dans la Bible, ce mot désigne la tente qui, à chaque étape de l’Exode, protège le coffre (l’Arche d’alliance) contenant les Tables de la Loi ; dans les églises catholiques, il désigne la petite armoire où sont précieusement conservées les hosties consacrées pour la communion des malades et l’adoration du Saint-Sacrement ; une veilleuse indique la présence réelle du Christ.
* Sainte Trinité : pour les chrétiens, Dieu est un en trois personnes, Père, Fils et Esprit.
Les sept dernières églises construites à Paris

Sept nouvelles églises pour aujourd’hui, de Grzegorz Tomcsak,

Notre-Dame-d’Espérance, 1997 :
47 rue de la Roquette, 75011
Notre-Dame-de-l’Arche-d’Alliance, 1998 :
81 rue d’Alleray, 75015
L’Agneau-de-Dieu, 1998 :
12 place Henry-Frenay, 75012
Saint-Luc, 1999 :
80 rue de l’Ourcq, 75019
Notre-Dame-de-la-Sagesse, 2000 :
13 bis rue Abel-Gance, 75013
Notre-Dame-de-Pentecôte, 2000 :
Esplanade de la Défense, 92800
Saint-François de Molitor, 2005 :
44 rue Molitor, 75016



Notes :
1—Fils d’un riche drapier d’Assise, François (1182-1226) doit son nom aux nombreux voyages de son père en France pour les foires. En 1210, il fonde l’ordre Franciscain, premier ordre mendiant, dont celui des Capucins fait partie.
2—Le wacapou, un bois tropical couleur tabac, rare, résistant, et imputrescible.
3—Marie provient de l’ancienne chapelle. Les autres portent les noms de Claire d’Assise (1193-1253, disciple de François et fondatrice des Dames Pauvres ou Clarisses), et ceux du premier curé et du premier diacre permanent de la paroisse (Marc Lambret et Pierre Bourdon).
4—Architecte, urbaniste et sculpteur français né en 1947.
5—Frère Léon, fidèle compagnon et scribe de François, le loup de Gubbio et de nombreux éléments de la faune et de la flore.
6—Les ateliers d’artistes sont généralement orientés au Nord pour cette raison.
7—De sacra liturgia, constitution conciliaire adoptée le 4 décembre 1963.
8—Au IIe siècle, Tertullien, un des pères de l’Eglise, utilise cette image en se fondant sur le récit où Jésus apaise la tempête dans la barque alors qu’il était avec ses Apôtres (Luc, 3, 4).
9—Elles sont travaillées avec un marteau à tête en pointes de diamant, la boucharde.
10—Des grains d’acier non poli sont projetés sur le verre produisent un effet de voile blanc, ici plus dense en haut qu’en bas.
11—Créé par Michel Desvigne (né en 1958), paysagiste international, auteur de réalisations fluides et naturelles comme dans le quartier de la bibliothèque François-Mitterand (Paris 13e).
12—Cf. Actes des Apôtres 2,1-5 et Luc 24, 49. Le Christ est monté au ciel 40 jours après Pâques.
13—Lauréate du concours avec Jean Secondi tous deux nés en 1958.
14—Né en 1952, cet ingénieur et architecte est l'auteur d'édifices publics, de gares et de l'aménagement de lieux liturgiques dont Saint-Germain-des-Prés (Paris 6e).
15—Dès 1958, Guillaume Gillet (Notre-Dame de Royan) et André Le Donné (basilique Saint-Pie-X à Lourdes) choisissent l’ellipse. A Lourdes, l’autel est déjà situé à l’intersection des axes. A Paris, en 1960, Denis Honegger la choisit aussi pour Notre-Dame-de-l’Assomption aux Buttes-Chaumont (Paris 19e).

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©ACF/Paris, 2018. Photos Y. Boschat, D. Boy de la Tour, M. Baranger. Croquis J-M Duthilleul

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