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Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 20 juin au 2 septembre 2012, avec prolongation jusqu’au 2 octobre 2012, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.
Vernissage 19 juin 2012.
L’artiste, Romain Bernini
Romain Bernini est né en 1979, il vit et travaille à Paris. Il participe à l’exposition collective « La belle peinture est derrière nous », qui après Istanbul et avant Los Angeles, s’est arrêtée au printemps 2012 au Lieu Unique à Nantes. Il a récemment exposé à l’Institut Culturel Bernard Magrez (Bordeaux) avec Marc Desgrandchamps et prépare pour 2013 une exposition personnelle à Toulouse, organisée par le musée des Abattoirs au Château de Taurines. En ce moment exposé au Collège des Bernardin à l’invitation d’Alain Berland, il est aussi chargé de la programmation des arts plastiques, où, en tant que commissaire, il fédère 17 artistes internationaux autour des questions de créolisation et de métissage. Ancien résident de la Villa Médicis à Rome en 2010-2011, Romain Bernini conserve de cette expérience un lien changeant à la légitimité et une grande humilité.
Romain Bernini est représenté par la Galerie Suzanne Tarasiève.
Romain Bernini, Inconvenient Speech, 2012, Galerie Saint-Séverin, Paris.
Inconvenient Speech par Romain Bernini
Le cacatoès, l’animal vanité
« Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Evêque envièrent à Madame Aubain sa servante Félicité. » Ainsi débute la nouvelle de Gustave Flaubert, Un Cœur simple (1877). Mais c’est la toute fin de ce texte qui nous intéresse ici : la bonne Félicité, après une longue vie d’abnégation, meurt en confondant dans un délire extatique, une figure divine avec un perroquet empaillé, son seul compagnon : « Une vapeur d’azur monta dans la chambre de Félicité. Elle avança les narines, en la humant avec une sensualité mystique ; puis ferma les paupières. Ses lèvres souriaient. Les mouvements du cœur se ralentirent un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une fontaine s’épuise, comme un écho disparaît ; et, quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entrouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête. »
Inconvenient Speech (discours inopportun) est une installation inédite de Romain Bernini, réalisée spécialement pour la galerie Saint-Séverin. A partir de la scène quasi-mystique relatée par Flaubert, l’artiste questionne le rapport à la foi et l’équilibre précaire des croyances de chacun, qu’elles soient d’ordre culturel ou social. C’est ainsi qu’il réalise un portrait de cacatoès plus grand que nature, évoquant le portrait de cour plutôt que la peinture animalière. Mais cet animal parlant, dont la voix relève plus de la logorrhée verbale que du discours construit (d’où cet « inconvenient speech »), est également présent en tant que vanité, nous mettant en garde contre la parole facile et inconsidérée (tout comme dans la Chambre du Perroquet au couvent de la Trinité des Monts, à Rome où l’artiste a vécu).
Le contraste est fort entre l’iconographie flamboyante du perroquet telle qu’évoquée dans le texte et ce tableau utilisant des couleurs sourdes, dans lequel la tête de l’animal apparaît comme suspendue dans l’espace. Dans les tableaux de Romain Bernini, le sujet apparaît souvent en lévitation, qu’il soit humain, animal ou végétal. Travaillant par grands aplats de couleurs entrecoupés de coulures, alternant tons sourds et vifs, le peintre offre au regard des scènes très ouvertes, multipliant les possibilités d’interprétation. Mais les personnages représentés sont souvent de dos, la tête en bas, parfois même absents, mettant à distance le contemplateur. Ses œuvres sont des territoires à part entière, dans lesquels le fonds reste suffisamment indéterminé pour que la figure puisse s’y mouvoir librement et intensément, dans une alliance de cultures et de références mêlées. La question de la chute, de l’histoire ou de son héroïne, est mise en avant par l’équilibre instable de la chaise installée sous le tableau, laissant en imaginer à la fois le tragique et le comique.
Daria de Beauvais, commissaire – 2012
En savoir plus :
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Direction : Isabelle Renaud-Chamska
Programmation : Daria de Beauvais
Légende de la photo : Romain Bernini, Parrot, 2012, huile sur toile, 73 x 54 cm, courtesy galerie Suzanne Tarasiève, Paris.