Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 17 janvier au 24 mars 2024, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est gratuite.

Vernissage le samedi 10 février 2024 de 16h à 19h30, en présence de l’artiste Jean-Marc Cerino, commissaire invité frère Marc Chauveau.

 

Un nouveau jour

Berlin, 1945, 2024


Une ville en ruine. Berlin. 1945.

Une femme au centre. Digne, élégante même, qui avance droit devant elle.

Une femme en marche au milieu de ruines.

À l’image de la reconstruction à venir, à celle d’un nouvel avenir possible.

Au cœur des ruines, elle permet d’entre-apercevoir une espérance.

Image d’une fragilité au cœur du chaos de pierres autant que l’affirmation de la puissance de l’être au milieu de ces ruines.

Se tenir debout. En marche vers un nouveau jour.

 

Cette peinture de Jean-Marc Cerino est comme un écho suspendu de l’Allemagne en ruines et de sa future reconstruction. On pense aux Trümmerfrauen, ces Femmes des ruines qui, après la Seconde Guerre mondiale, aidèrent à débarrasser les villes des pierres des bâtiments qui avaient été bombardés. Anselm Kiefer évoque ces femmes dans plusieurs de ses œuvres. On pense également à son œuvre Résurrection, créée en 2019 pour le couvent de La Tourette : 50 m2 de gravats et de blocs de béton au milieu desquels de grands tournesols blancs s’élevaient dans le ciel, signes d’une vie qui reprend. La ruine comme point de départ d’une nouvelle vie. D’un nouveau jour.

L’œuvre de Jean-Marc Cerino est une longue réflexion sur l’Homme et sur sa place dans la société comme dans l’Histoire. L’artiste réalise avec cette peinture un travail de reprise à partir d‘une photographie orpheline. En effet, pour ses peintures sur verre, l’artiste a mis en place un rituel à partir d’images photographiques qu’il achète pour l’essentiel via des sites de vente en ligne. Après avoir retenu une photographie, il en reprend l’image en peinture, comme pour en fixer l’empreinte mémorielle, comme pour en révéler les non vues. Ici c’est un regard teinté de mélancolie hivernale qu’il nous propose.

Le travail de Jean-Marc Cerino a donc à voir avec la mémoire : amasser des images, les soustraire au flot continu du trop-plein, choisir celles qui portent en elles la trace d’un passage, d’une histoire, mais qui échappent en même temps à toute narration. Des photographies silencieuses mais habitées, auxquelles il s’agit de redonner par la peinture une densité que l’instantanéité photographique pourrait avoir ôté.

Berlin, 1945 évoque un monde fragile, ruiné, brisé, mais qui coûte que coûte résiste.
Un nouveau jour.

                                                                                                                                                     Frère Marc Chauveau – janvier 2024

 

Jean-Marc Cerino                                                                                                   

Né en 1965, vit et travaille à Saint-Étienne.

Il expose régulièrement en France et à l’étranger. Ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques : musée d’art moderne de Saint-Étienne, musée des Beaux-Arts de Dole, comme ceux de Bourgoin-Jallieu et de Villefranche-sur-Saône et dans plusieurs FRAC.

Il crée trois œuvres sur verre pour l’exposition Marie-Madeleine contemporaine à Toulon puis Lille, en 2004 et 2005, et deux commandes pour des édifices religieux ; il conçoit en 2007 les deux vitraux du chœur et l’autel de l’église de Vassieux-en-Vercors et en 2011 il conçoit le réaménagement complet de la chapelle du P. Lataste, incluant la création d’un vitrail, pour les Dominicaines de Béthanie à Montferrand-le-Château.

Marie-Madeleine, “Je ne suis que cela, mais je suis tout cela“, 2011, grisaille traditionnelle sérigraphiée et cuite sur un verre dépoli, 216 x 150 cm, Chapelle du Père Lataste, Couvent des dominicaines de Béthanie, Monferrand-le-Château, 2011. Photo © DR

 

Actuellement, trois de ses œuvres sont présentées dans l’exposition Formes de la ruine au musée des Beaux-Arts de Lyon.

Pinacothèque de Munich, été 1945 (Silchmüller), 2023, huile sur verre, peinture synthétique à la bombe sous verre, 84 x 96 cm, In Les formes de la ruine, musée des Beaux-Arts de Lyon, 2023. Photo © DR

 

Ecoutez Jean-Marc Cerino présenter Berlin, 1945, en cliquant sur la flèche :

 

Berlin, 1945, 2024, huile et cendres sur verre, huile et peinture synthétique à la bombe sous verre, 106,4 x 156 cm, in Un nouveau jour, Galerie Saint-Séverin, Paris, 2024.
© Jean-Marc Cerino, Courtesy galerie Sator, Paris Photo ©Martine Sautory

 

A lire aussi les commentaires de

Paul-Louis Rinuy sur le site de Narthex :

https://www.narthex.fr/blogs/en-flanant-en-regardant/un-nouveau-jour-qui-metamorphose-le-quotidien

et Jean Deuzèmes sur Voir & Dire :

https://www.voir-et-dire.net/spip.php?page=article&id_article=593

 

Retrouvez Jean-Marc Cerino :

sur le site de la galerie Sator :   https://galeriesator.com/jeanmarc-cerino-2

et sur le site de Narthex :

– Christine Blanchet-Vaque et frère Marc Chauveau, o.p.,  » Jean-Marc Cerino – Artiste Plasticien « , juin 2010
https://www.narthex.fr/portraits-dartistes/jean-marc-cerino-artiste-plasticien

– Frère Marc Chauveau, o.p.,  » La chapelle du Bienheureux Jean-Joseph Lataste par l’artiste Jean-Marc Cerino à Montferrand-le-Château »,  juin 2012
https://www.narthex.fr/oeuvres-et-lieux/amenagement-des-eglises/la-chapelle-du-bienheureux-jean-joseph-lataste-par-lartiste-jean-marc-cerino-a-montferrand-le-chateau

 

Prolongement de notre exposition : 

A lire l’article de Philippe Dagen, « A Lyon, des artistes à forte densité historique. Avec « h[H]istoires », la Fondation Bullukian interroge la représentation du passé » dans Le Monde du 31 mai 2024. A retrouver sur le site de la galerie Sator :

https://static1.squarespace.com/static/5887681cf7e0ab5d5e98654d/t/665b2411bb10607a28dd5dc2/1717249042562/Le_Monde_h%28H%29istoires.pdf

Philippe Dagen, Le Monde, 31 mai 2024, extrait :

« Généralité symbolique

[La portée politique de son travail est manifeste.] L’est autant celle des œuvres de Jean-Marc Cerino, qui change des clichés en peintures, grisailles sur plaques de verre, support froid et fragile. La couleur est rare et éteinte. La prédilection de Cerino pour les ruines est nette, monuments ou fortifications ravagés par un bombardement ou un incendie, pendant la Commune de Paris ou l’une des guerres mondiales, car Cerino, autant que Manigaud, se saisit d’images à forte densité historique, mais il les fait glisser vers un degré de généralité symbolique plus accentué. »

 

Légende de la photo titre :
Jean-Marc Cerino, Berlin, 1945, 2024, huile et cendres sur verre, huile et peinture synthétique à la bombe sous verre, 106,4 x 156 cm, détail. Photo © Courtesy de l’artiste et de la galerie Sator, Paris.