Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 21 février au 19 avril 2014, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.

Vernissage le 20 février 2014 de 19h à 21h.


Akiko Hoshina, Lithurgie d’argile, installation, 2014, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Akiko Hoshina.

L’artiste, Akiko Hoshina

Akiko Hoshina est née en 1971 à Gunma, Japon. Elle vit et travaille à Paris.

Titulaire d’une maîtrise de céramique de l’Université Joshibi de Kanagawa en 1996, Akiko Hoshina entre en résidence à l’atelier des maîtres Kosho Ito et Chika Ito au Japon avant d’assister le photographe Shigeo Anzaï en 2004. Elle réside à la Cité Internationale des Arts à Paris en 2008 et au Musée de la Céramique de Lezoux en 2010.

Elle a participé à de nombreuses expositions, dont les Biennales Internationales de la Céramique de Châteauroux en 2009, 2011 et 2013. Cette même année, un atelier-résidence de la ville de Montreuil lui est attribué et son travail est publié dans le numéro d’Art Press dédié à la céramique. Dans son parcours artistique, elle explore les facultés de ce matériau à révéler l’empreinte du temps, inscrite dans la terre, pour donner à voir l’invisible, la disparition, les souvenirs…

Plus d’informations sur la vie et l’oeuvre d’Akiko Hoshina sont disponibles sur le site de l’artiste.

Akiko Hoshina, Etole violette, détail, 2014, Galerie Saint-Séverin, Paris.
Photo Akiko Hoshina.

Liturgie d’argile, par Akiko Hoshina

Akiko Hoshina est une artiste japonaise utilisant la céramique ou autre matériau se transformant avec l’eau, le soleil et le feu. Dans son travail, le processus de métamorphose de la terre est essentiel.

Pour la Galerie Saint-Séverin, elle a souhaité présenter un projet contextuel. Elle a d’abord orienté ses recherches sur les objets rituels puis s’est focalisée sur les ornements liturgiques : deux étoles – l’ornement principal du prêtre – ont été acquises. En effet, la céramiste s’intéresse particulièrement aux objets et vêtements traditionnels ou symboliques qu’elle transforme pour ses œuvres.

Fidèle à son procédé de recouvrement comme pour les séries « Des Funérailles » et« Monolithes », Akiko Hoshina a recouvert – en partie seulement – d’argile blanche les deux parures et le sol de la galerie : la terre a été humidifiée et roulée avec la paume des mains, puis répartie en petits boudins superposés, selon la technique du colombin. Elle aime justement la malléabilité de la terre, sa souplesse. Autre caractéristique, elle marque souvent ses créations de ses empreintes de doigts, la trace de son corps est donc présente : « Le tactile est indissociable de son geste dans la pratique de la terre ». En revanche ici, pas de cuisson, le matériau va sécher naturellement, durcir ; en conséquence l’installation va évoluer, évocation du temps qui passe. La terre symbolise d’ailleurs pour l’artiste le cycle même de la vie : elle est humide donc vivante, puis sèche donc meurt. De plus, elle peut toujours être réutilisée, retravaillée et de ce fait, la terre renaît toujours.

Akiko Hoshina, Etole blanche, détail, 2014, Galerie Saint-Séverin, Paris.
Photo Akiko Hoshina.

Cette renaissance peut également se lire dans son installation. En effet, la petite étole en soie et dentelle est posée, étendue sur le sol derrière la vitrine ; cette position allongée évoque la mort, le corps absent, et le violet aussi est la couleur portée pendant la période du Carême, du Jeûne. Au contraire, la grande écharpe claire et brodée est présentée par la céramiste suspendue, au centre de l’espace, incarnant le corps présent ; la position debout représente la vie et les couleurs blanche ou or sont portées au moment de la fête de Pâques, soit la célébration de la résurrection du Christ. En somme, cette exposition rend compte d’une évolution cyclique de la matière, de la nature, de la vie.

Akiko Hoshina mélange les traditions, les savoir-faire, les techniques (orientales, occidentales) et les sources d’inspirations dans ses œuvres et toujours avec respect. Elle mêle ici encore une technique primitive sur des ornements liturgiques. D’ailleurs, l’artiste, par son geste répétitif, adopte une attitude proche de la méditation, du recueillement, du rite sacré, voire de la prière. Sa liturgie à elle, c’est l’argile.
Géraldine Dufournet, commissaire – 2014.

 
En savoir plus :
Site de l’artiste
Voir & Dire
Narthex

 

Direction : Père Norbert Hennique
Programmation :
Géraldine Dufournet

Légende de la photo : Akiko Hoshina, Étoles, 2014, argile blanche sur tissus, dimensions variables.