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Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 8 décembre 2021 au 6 février 2022 à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.
Vernissage en extérieur mercredi 8 décembre de 18h30 à 21h en présence de l’artiste.
Performance de l’artiste le 5 février 2022 à 17h à la Galerie Saint-Séverin.
L’artiste, Baptist Coelho
Né en 1977, vit et travaille à Mumbai, en Inde. En 2021-22 il est en résidence à la Fondation Fiminco à Romainville et au In Flanders Field Museum à Ypres en Belgique.
Depuis plusieurs années, Baptist Coelho a entamé une forme d’archéologie de la violence et des guerres, et particulièrement celles qui concernent les Indiens. Son travail en fait apparaître les répercussions à la fois physiques et psychologiques. Ses œuvres s’élaborent et s’articulent à partir de différentes histoires passées sous silence qu’il exhume et interprète. Ses recherches se basent notamment sur l’ethnographie et l’étude d’archives. Par le biais de rencontres, il enquête sur les récits liés aux conflits armés, à la conscription, la commémoration, l’héroïsme, donnant de la visibilité à des émotions comme la peur, et à des questions liées au corps, au genre, à la guérison.
A partir d’investigations multiples, de collaborations, il entreprend de déconstruire les récits qu’il recueille. Il les restitue, tout en y injectant une part d’imaginaire, et les confronte aux formes de pouvoir.
Sa pratique artistique est interdisciplinaire ; elle comprend la photographie, la performance, la vidéo et le son. En 2006, Baptist Coelho a obtenu un Master au Birmingham Institute of Art & Design, au Royaume-Uni. Il a, entre autres, reçu le Prix indien “Promising Artist Award” en 2007 ou encore le prix “Sovereign Asian Art”, Hong Kong en 2016.
Il a exposé individuellement dans des institutions comme Somerset House, Londres, 2016 ; Projet 88, Mumbai, 2009 ; Pump House Gallery, Londres, 2012 ; Grand Palais, Berne, 2009 et aussi au Ladakh Arts and Media Organization (LAMO), Leh, 2015.
Il a exposé, montré ses films et réalisé des performances au Stamford Arts Centre, à Singapour ; Galerie SH Ervin, Sydney ; le Centre Pompidou, Paris ; New Art Exchange, Nottingham ; Cité Internationale des Arts, Paris ; Fondation de sculpture CASS, Goodwood ; Galerie nationale d’art Zacheta, Varsovie ; Musée d’art de Gwangju pour ne citer que quelques exemples.
Baptist Coelho, « You will never understand what we have gone through », détail, 2022, techniques mixtes ©Baptist Coelho.
You will never understand what we have gone through, par Baptiste Coelho
La plupart du temps, Baptist Coelho récupère des traces (textes, images ou sons) que le temps a effacées et qu’il réactive. C’est à partir d’un recueil de lettres envoyées à leurs familles par des soldats indiens embarqués dans la Première Guerre mondiale, qu’il a élaboré son installation, – tel un autel mémorial – à la Galerie Saint-Séverin. Il réhabilite ainsi l’effacement que l’Histoire a imposé aux efforts de guerre menés par l’Inde qui envoya 1 100 000 hommes au combat.
Instruments de la violence de l’État, les corps des combattants (qui furent surtout des victimes) ont disparu depuis longtemps. Leurs écrits toutefois demeurent et bien que censurés par l’autorité militaire, ils témoignent des épreuves endurées par les hommes enrôlés. La souffrance et les sacrifices, le désarroi, la colère se sont exprimés dans leurs courriers. L’artiste rassemble ces éléments qui témoignent des sentiments et des ressentis vécus par les soldats, et projette des extraits des missives sur le mur**. Inspirées du portrait d’un conscrit à l’aquarelle, deux impressions en photogravure s’ajoutent à ce qui ressemble à un cabinet de curiosités.
Le radiateur, trouvé par l’artiste, empaqueté avec des bandages, évoque les températures glaciales qui saisissent les corps. Vêtus de simples uniformes de fin coton, les recrues sont saisies par la froideur du climat. Les aiguilles plantées dans la manche de l’uniforme, la couronne funéraire, les objets extraits du monde médical rappellent les blessures endurées, la cruauté, l’indifférence. Les bandes de gaze recouvrent ici des objets comme pour les invisibiliser. Elles matérialisent les soins médicaux apportés aux hommes blessés, mais aussi leurs détresses psychologiques. La Galerie devient lieu de mémoire, qui rend hommage au courage, et dénonce l’absurdité des guerres.
Odile Burluraux, commissaire – 2022.
**Les mots sont tirés du livre de David Omissi, Indian Voices of the Great War: Soldiers’ Letters, 1914-18. (Les voix indiennes de la grande guerre : lettres de guerre, 1914 -1918), Penguin, Viking, 2014
Légende photo: Baptist Coelho, You will never understand what we have gone through, 2021, détail, installation techniques mixtes et vidéo © Courtesy de l’artiste.
Le 8 décembre 2021, Baptist Coelho commentait son exposition à la Galerie Saint-Séverin :
Lettre lue par Baptist Coelho :
Lettre 438 tirée du livre de David Omissi, Indian Voices of the Great War : Soldiers’ Letters, 1914-18. (Les voix indiennes de la grande guerre : lettres de guerre, 1914 -1918), Penguin, 2014.
« Letter of Mozafar Ahmed Khan (Pathan) to Ashuraf Khan (Hazara District, NWFP) 9th Hodson ‘s Horse, France
[Urdu] 13th November 1916
All the pleasure I had in life was bound up With Ali Akbar. Be patient. This calamity has fallen not only on us but on the whole world. Fine young men, dearly beloved of their parents, of astonishing beauty, I have seen so often naked on the field of battle. Thank God our dear brother got a proper burial. There was a cofin, and a proper grave, and a tombstone which will be a memorial to him in the world. Whoever sees it will say ‘that is the kind of tomb they build ln this great war for the gallant dead’. »
Traduction en français
« Lettre de Mozafar Ahmed Khan (Pathan) à Ashuraf Khan (Hazara District, NWFP), 9e Hodson ‘s Horse [9e lanciers du Bengale], France
[Urdu] 13 novembre 1916
Tout le plaisir que j’ai eu dans la vie était lié à Ali Akbar. Soyez patient. Cette calamité ne s’est pas seulement abattue sur nous, mais sur le monde entier. De beaux jeunes hommes, chéris de leurs parents, d’une beauté étonnante, que j’ai si souvent vu nus sur le champ de bataille. Dieu merci, notre cher frère a eu un enterrement digne. Il y avait un cercueil, une tombe appropriée et une pierre tombale qui lui servira de mémorial aux yeux monde. Quiconque la verra dira : « Voilà le genre de tombe qu’on construit durant cette grande guerre pour les vaillants morts ». »
Pour lire les huit lettres des soldats indiens adressées à leurs familles qui ont inspiré l’artiste et qui défilent dans le fond de la vitrine, veuillez cliquer sur le bouton lecture :
En savoir plus :
… Voir & Dire
Dernier rendez-vous avec l’artiste Baptist Coelho à la Galerie Saint-Séverin
Samedi 5 février 2022, à la veille de la clôture de son exposition You will never understand what we have gone through* Baptist Coelho vous invite à assister à
Camouflage #5
Performance
La performance en live, par l’artiste, tient lieu de finissage de l’exposition. Elle durera 30 minutes et ne sera réalisée qu’une seule fois. La présentation se concentre sur le souvenir des soldats indiens qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale.
Camouflage #5 met également en lumière le fait qu’il était possible pour les soldats indiens de camoufler non seulement leur corps et leur position, mais aussi leurs intentions, leurs opinions, leurs craintes, etc.
Baptist Coelho qui travaille sur une forme d’archéologie de la violence et des guerres, a élaboré son installation à partir d’un recueil de lettres envoyées à leurs familles par des soldats indiens embarqués dans la Première Guerre mondiale. Organisé comme un cabinet de curiosité c’est un autel mémorial qui est présenté dans la vitrine de la galerie. Par sa démarche engagée depuis 2012, l’artiste tente de réhabiliter l’effacement que l’Histoire a imposé aux efforts de guerre menés par l’Inde qui envoya 1 100 000 hommes au combat.
Direction : François Drouin
Programmation : Odile Burluraux
Coordination : Martine Sautory et Nathalie du Moulin de Labarthète
Montage réalisé par : Denis Michel
Transports : Patrick Blanchard
Community managers : Gemma Savage, Gaspard Sautory et Joséphine Crozet
*Vous ne comprendrez jamais ce que nous avons vécu