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Exposition visible du mercredi au dimanche inclus, de 15h à 19h, durant la période de Noël 1991, à la Galerie Saint-Séverin.
Les dates de l’événement sont données à titre indicatif.
L’artiste, Georges Rouault
Né en 1871 à Paris, Georges Rouault est le fils d’un ébéniste. Formé comme apprenti par le peintre Emile Hirsch, il suit les cours du soir de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, avant d’être admis à l’Ecole des beaux-arts de Paris en 1891.
Nommé en 1898 conservateur du musée Gustave-Moreau, il fréquente la scène artistique parisienne et se lie d’amitié, au début du siècle, avec de nombreux artistes fauves, tels Henri Matisse, André Derain et Albert Marquet.
Artiste catholique, il peint plusieurs toiles évoquant la Passion du Christ, comme Le Christ bafoué par les soldats (1932). La Fondation Georges Rouault précise cependant à propos du peintre : « souvent catalogué peintre religieux, il est avant tout indépendant ».
Il commence à produire des gravures en 1917, et continuera de peindre jusqu’en 1957, peu de temps avant son décès. Un ensemble de ses œuvres est légué à l’Etat par sa famille en 1963.
Planche 42 du Miserere, par Georges Rouault
Miserere est un cycle de 58 estampes. Les planches sont crées de 1908 à 1917, préparées pour l’édition en 1927 et imprimées au format in-folio en 1948.
Le point de vue de la revue Paris Notre-Dame
« L’auteur de cette affirmation [« Depuis Rembrandt je n’avais jamais vu une émotion aussi authentique »] n’est pas n’importe quel amateur d’art : il s’agit du peintre Alfred Manessier qui participait le 7 juin dernier à la table-ronde consacrée à Georges Rouault. Il s’agissait, trente-cinq ans après la disparition du peintre, d’évoquer la figure de l’artiste et de s’interroger sur la place qu’on peut lui reconnaître dans l’art de notre temps.
D’entrée de jeu, la diversité des intervenants apparut comme une des richesses de la soirée : les PP. Violle et Launay représentaient, avec le P. de Germiny, le regard des hommes d’Eglise, tandis que Fabrice Hergott, conservateur au Musée national d’art moderne, parlait davantage au nom des historiens de l’art. Comme témoins privilégiés de la vie de l’artiste, on relevait sa fille aînée, Geneviève Noailles et le peintre Alfred Manessier, qui put à la fois évoquer des souvenirs personnels et situer l’art de Rouault dans la peinture contemporaine.
Un jeune peintre, connu pour son engagement dans l’art sacré, Hubert de Chalvron, montrait que Rouault est pour les nouvelles générations d’artistes, une référence importante. D’après les souvenirs de ses intimes, c’est l’image d’un homme gai, pudique, virulent parfois mais plus souvent drôle, qui se dessina sous nos yeux, un homme qui, pour avoir été un des fidèles amis de Jacques et Raïssa Maritain, n’était absolument pas un intellectuel ou un moraliste, mais un être vrai et simple, un véritable artiste aimant à citer la célèbre phrase de Poussin sur le peintre comme le maître
d’un « art muet ».
Sur son œuvre, si Hubert de Chalvron remarquait qu’elle reste actuelle au sens où elle continue d’attendre le regard des admirateurs, le P. Violle ajoutait qu’elle est plus que jamais au cœur des problèmes des créateurs contemporains, cherchant eux aussi à inventer un langage figuratif dans lequel le fond soit indissociable de la forme. Le caractère propre de l’art de Rouault, tel qu’il apparaît notamment dans la série des gravures du Miserere exposées en ce moment à la chapelle Mansart, est, comme le soulignait le P. de Germiny, « d’avoir exprimé le cœur de Dieu » tout en mettant en valeur la grandeur de l’humanité confrontée au « dur métier de vivre». Historiquement, c’est lui qui a
« réintroduit le mystère chrétien dans la peinture » au point qu’on peut, selon le P. Launay, considérer ses œuvres comme de véritables icônes.
Une grande émotion étreignit l’assemblée lorsqu’Alfred Manessier rendit à Rouault un hommage aussi simple que chaleureux. L’art de Rouault, expliqua-t-il, lui sembla d’abord une énigme. « Depuis Rembrandt, je n’avais jamais vu cela, une émotion aussi authentique ». Plus tard, il comprit que c’était en fait de l’ordre du miracle, car un tableau de Rouault exprime à la fois, et de manière simultanée, la violence et la douceur, la révolte et la miséricorde. Malgré la différence d’esthétique entre les deux peintres, on put sentir combien Manessier et Rouault étaient humainement proches dans la sincérité de leur engagement et dans la force de leur foi, dans leur souci d’inventer des œuvres artisanalement faites qui transfigurent la matière. A contempler la rencontre entre ces deux artistes exemplaires, on se sentait rempli de joie, et sûr que la splendeur des formes n’en a pas fini de révéler les merveilles de la création. »
Paul-Louis Rinuy, « Depuis Rembrandt, je n’avais jamais vu une émotion aussi authentique », Paris Notre-Dame, n°477, 17 juin 1993.
Carton d’invitation à la présentation des gravures Miserere de Georges Rouault, le 4 juin 1993 à 17h, à l’Eglise Saint-Séverin.
Les planches du Miserere sont de nouveau exposées en juin 1993 à l’invitation du Cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris et Monsieur Jacques Chirac, maire de Paris, dans la chapelle Mansart de l’Eglise Saint-Séverin.
« Au cours du carême 1963, dans la chapelle Mansart de Saint-Séverin, furent temporairement accrochées, les gravures du Miserere de Georges Rouault.
Trente ans ont passé.
La Providence est revenue pour que définitivement soient mises en place, dans cette même chapelle, le « Grand Testament » de Rouault. En effet, Marthe Rouault, son épouse, léguait à la Ville de Paris les 58 planches du Miserere pour être affectées à Saint-Séverin.
L’œuvre de Georges Rouault sera au centre des manifestations du VIème Mai de Saint-Séverin – Saint-Nicolas.
Les gravures du Miserere rejoindront tous ceux qui pénètrent dans Saint-Séverin car elles expriment la compassion et l’espérance. »
Maurice de Germiny, curé de Saint-Séverin – Saint-Nicolas – juin 1993.
A l’exposition des planches du Miserere dans la chapelle Mansart sont associées trois visites commentées des gravures :
Le 5 juin 1993, 15h, par Fabrice Hergott
Le 7 juin 1993, 15h, par le Père Jean-Jacques Launay
Le 8 juin 1993, 15h, par le Père Jean-Jacques Launay
Légende de la photo : Georges Rouault, Miserere XLII : Bella matribus detestata, 1908-1917.
Photo Fondation Georges Rouault.