Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 10 décembre 2019 au 1er mars 2020, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.

Vernissage le 9 décembre 2019 de 18h30 à 21h. 

 

« A la croisée des chemins, parfois les rêves s’envolent
…quelque part entre les cadences d’un horizon urbain, et un accent étranger qui murmure son destin incertain… »

 

L’artiste, Malala Andrialavidrazana

Originaire de Madagascar, Malala Andrialavidrazana vit à Paris et nourrit sa pratique en se déplaçant d’un territoire à l’autre. Diplômée de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette, ses photographies sondent les liens et contradictions qui se dessinent entre intimité et universalité, à travers les imaginaires sociaux, et à travers les représentations stéréotypées d’un monde de plus en plus globalisé.

Au fil du temps, elle a inventé un langage dont l’approche est résolument tournée vers l’histoire, tout en témoignant d’un profond engagement vis-à-vis des enjeux contemporains. S’appuyant sur de nombreuses recherches in situ, bibliographiques et archivistiques, ses compositions visuelles ouvrent la voie à d’autres formes de récit et de narrations historiques.

La dimension internationale et sans frontière de ses réflexions lui a permis de présenter régulièrement son travail au sein de nombreuses institutions en Afrique, en Asie, en Europe, et aux Etats-Unis. Parmi les lieux d’exposition les plus récents, on peut citer notamment : Kunsthall Trondheim (Norvège, 2019) ; Cité de l’économie (France, 2019) ; Musée Mohammed VI (Maroc, 2019) ; Museo Civico Archeologico di Bologna (Italie, 2019) ; Les Abattoirs – FRAC Occitanie (France, 2019) ; La Monnaie de Paris (France, 2019) ; Ford Foundation (Etats-Unis, 2019) ; Aperture Foundation (Etats-Unis, 2019) ; Lagos Photo Festival (Nigéria, 2018) ; MoMA Warsaw (Pologne, 2018) ; Cité des Arts (La Réunion, 2018) ; 38th EVA International (Irlande, 2018) ; Para-Site (Hong-Kong, 2018) ; Dhaka Art Summit (Bangladesh, 2018) ; Fondation Clément (Martinique, 2018) ; Villa du Parc (France, 2018) ; Biennale de Karachi (Pakistan, 2017) ; 14e Biennale de Lyon (France, 2017) ; PAC Milano (Italie, 2017) ; Changjiang Museum of Contemporary Art (Chine, 2017) ; Kalmar Konstmuseum (Suède, 2017) ; Musée Théodore-Monod (Sénégal, 2017) ; Palais des Nations (Suisse, 2017).

Plus d’informations sur la vie et l’oeuvre de Malala Andrialavidrazana sont disponibles sur le site de l’artiste.

Malala Andrialavidrazana, Figures 1856, Leading races of man, 2016, détails, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo © Voir & Dire.

A la croisée des chemins, parfois les rêves s’envolent par Malala Andrialavidrazana
Le point de vue de l’artiste

– Dans mon travail je me sers de symboles très forts, qui se trouvent dans ces archives que j’utilise, pour donner une autre lecture possible de l’histoire qui est souvent écrite à sens unique.
– Tout à l’heure, on essayait de définir un petit peu ce travail autour des figures. Qu’est-ce que c’est ? C’est de la photo, c’est un petit peu du dessin. Il y a des commissaires d’exposition, des historiens qui s’intéressent à mon travail et qui m’ont dit que c’était comme une sorte de broderie numérique.
Par exemple, quand je travaille sous forme de calques, c’est ma manière, c’est déjà ce que j’avais acquis dans les études d’architecture. J’étais architecte avant de devenir artiste. L’usage des calques dans ce travail est indéniablement hérité d’une forme de construction mentale de l’architecte. La manière dont les images sont brodées entre elles, vient des gestes que j’ai acquis par mon éducation chez les sœurs.
– Pour penser ma photographie, il est important que le spectateur qui regarde les images puisse être capable de dépasser ce cadre qui n’appartient qu’à moi.
Si le spectateur ne voit que ce qu’il y a à l’intérieur du cadre, ça ne m’intéresse pas. Je ne suis pas là pour restituer une sorte de réalité ou quoi que ce soit de ce genre.
– Moi ce qui m’intéresse, c’est qu’on soit capable de se projeter à l’extérieur de notre petite bulle.
– Le chemin droit ne m’intéresse pas, autrement je n’aurais pas pu être artiste. Je prends toujours les chemins de traverse. Les amis me disent, « Attention, tu sors de l’autoroute ». Pour moi, ce sont les chemins les plus intéressants pour rencontrer l’autre.
 Malala Andrialavidrazana, artiste – 10 décembre 2019.


Malala Andrialavidrazana, Figures 1856, Leading races of man, 2016.
Photo © Palais de Tokyo.

Le point de vue de la commissaire

« Je suis intéressée par le mélange des cultures dans le temps et les territoires à travers des réseaux complexes d’échanges humains et culturels. »
Malala Andrialavidrazana

Après avoir réalisé de nombreuses séries de photos sur plusieurs continents, Malala Andrialavidrazana, a entrepris, depuis 2015, la série Figures, des collages de grands formats. Ce sont des compositions élaborées à partir d’éléments picturaux qu’elle collecte et recadre : vieilles cartes du monde, billets de banque, timbres, drapeaux, pochettes d’album, archives visuelles. Ces photomontages constituent autant de récits de l’histoire du globe et de la circulation des hommes. L’artiste crée ainsi de nouvelles formes d’échanges tout en interrogeant les notions de territoire, d’exploration, de rencontre, d’exotisme, de nationalisme, de métissage culturel, mais aussi de survivances coloniales.

Pour la galerie Saint-Séverin, elle montre Figures 1856, Leading races of man. La carte du monde date du milieu du 19e siècle à une époque où la géographie véhiculait des stéréotypes racistes à l’égard de certains peuples. S’y juxtaposent au premier plan une histoire de l’évolution de l’humanité, un filet de pêche reliant des hommes en arrière-plan. On ne peut s’empêcher de penser à la raréfaction actuelle du poisson en mer, les chaloupes chargées d’hommes embarqués vers des horizons incertains le confirment. Les motifs du pourtour de l’œuvre proviennent de billets de banque du Nigeria alors que le visage de la femme est extrait d’un billet malgache.
En réorientant le sens initial de ces images à travers un processus de déconstruction et de construction, Malala Andrialavidrazana crée des tensions entre les éléments qui les composent. Malgré la dureté des sujets évoqués une impression sereine s’en dégage et nous invite à la réflexion, à voir le monde sous un jour nouveau.
Odile Burluraux, commissaire – 2019. 

 

Entretien de Malala Andrialavidrazana avec Martine Sautory :

 

En savoir plus :
Palais de Tokyo
Voir & Dire

 

Direction : François Drouin
Programmation :
Odile Burluraux
Coordination :
Martine Sautory / Nathalie du Moulin de Labarthète

Légende de la photo : Malala Andrialavidrazana, Figures 1856, Leading races of man, 2016, tirage pigmentaire sur papier, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo © Malala Andrialavidrazana – Courtesy Dilect.