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Exposition visible du mercredi au dimanche inclus, de 15h à 19h, du 5 au 29 mars 1998 à la Galerie Saint-Séverin.
Vernissage le 4 mars au soir, en présence de Mgr Lustiger et de Michael Lonsdale.
L’artiste, Sylvain Dubuisson
Né en 1946, Sylvain Dubuisson suit des études supérieures d’architecture à l’École Saint-Luc de Tournai. Il fonde son agence en 1978 et créé depuis 1982 des bureaux, lampes, appliques, pendules, chauffe-plat, lit, vases, carafes, cendriers, tables, presse-papier, objets funéraires, sièges, etc…
Il aménage diverses scénographies d’expositions dans les années 1980 comme « A table » au Centre Pompidou (Paris), « La lumière démasquée », à la Cité des Sciences et de l’Industrie (Paris) et « Nos années 80 », à la Fondation Cartier, (Jouy-en-Josas).
En 1990 il reçoit la distinction du « Créateur de l’année », au Salon International du Meuble, puis le « Grand Prix National de la Création Industrielle ».
En 1992 et 1993 il participe à une exposition itinérante organisée par l’Association Française d’Action Artistique, Ministère des Affaires Etrangères, présentée à Jérusalem, Montréal, New-York, Los Angeles et Tokyo.
Les créations de Sylvain Dubuisson sont visibles sur son site.
Sylvain Dubuisson, Orfèvrerie liturgique, Journées Mondiales de la Jeunesse
dessin préparatoire, 1997. Photo site Sylvain Dubuisson.
Vaisselle liturgique pour les JMJ 1997 par Sylvain Dubuisson
L’architecte-designer Sylvain Dubuisson présente à la Galerie Saint-Séverin une commande de l’Eglise de vaisselle liturgique devant servir lors de la venue du Pape Jean-Paul II à Paris en août 1997 lors des JMJ. Les pièces d’orfèvrerie sont conservées à Notre-Dame de Paris après avoir été offertes par le Pape.
Le pape Jean-Paul II célébrant l’eucharistie aux JMJ
avec la vaisselle liturgique de Sylvain Dubuisson.
photo Sylvain Dubuisson
Point de vue de la revue France catholique
« Un designer renommé s’affronte à l’art sacré et se révèle – une fois de plus ! – comme un être de raison, d’imagination et de spiritualité.
Sylvain Dubuisson a inventé nombre de concepts pour diverses maisons d’édition tant en matière de mobilier, que d’éclairage, ou d’environnement.
S’il envisage une collaboration avec la maison d’orfèvrerie Christofle pour fêter, avec des objets de culte, la venue du Pape aux Journées mondiales de la jeunesse en France l’été dernier, ce n’est pas pour le marquage d’un territoire qui lui est étranger. Il travaille dans le domaine de la commande.
C’est-à-dire qu’il met tout son cœur – et son esprit ! – à pénétrer l’acte dont il doit rendre compte : créer un calice, où une goutte de vin se transforme en sang et la patène, où la miette de pain deviendra le corps du Christ, n’est pas une chose ordinaire ! Il faut une bonne dose de courage pour aborder (incarner) ces mystères-là.
Aujourd’hui, Art, Culture et Foi appelle Sylvain Dubuisson en sa galerie Saint-Séverin à présenter cette démarche-source pour le renouveau de l’objet liturgique (un renouveau déjà spectaculaire depuis quelques années).
Une sorte de nénuphar, forme exubérante et aplatie, constitue l’assise d’une coupe haute. Corolle d’argent, un lis s’épanouit, au sommet de la tige élancée dans la structure quadrilobée verticale de son extrême jeunesse. Au centre de l’élan filiforme du pied, s’interpose une sphère, le monde (avec ses continents, ses océans, toute une géographie certaine)
Au-delà d’une intuition féconde, il existe beaucoup de savoir-faire au service de cette « idée », nous l’avons déjà vu dans un numéro précédent de FC (n° 2617, octobre 1997).
Laissons-nous persuader d’aller regarder ces objets, en leur miraculeuse matérialité. »
Ariane Grenon, Sylvain Dubuisson, « Objets liturgiques », France Catholique, n°2635, 6 mars 1998, p.21.
Le point de vue de l’artiste
« Sylvain Dubuisson : Pour les JMJ, la commande était déjà plus importante. Elle portait sur un grand calice et une grande patène qui devaient être vus par les foules, la pale, un ciboire, quatre petits calices et quatre petites patènes. J’ai tout de suite décidé que je ne pouvais rien créer d’incongru. Tout questionnement sur ce type d’objet liturgique n’était pas le propos des JMJ. J’ai donc cherché quelque chose qui s’accorde avec la personnalité du Pape. Mgr Lustiger, impliqué personnellement, donnait les directives et consultait si nécessaire le Vatican. Les nombreuses réunions de travail rassemblaient toujours le Cardinal, Mme Morel-Darleux et M. Guillaume de Maillart pour l’évêché de Paris, MM. Bouilhet et Jacques Drolon pour la société Christofle. Le dialogue a été extraordinaire et la dynamique de travail remarquable. Tout s’est passé dans une harmonie qui, en temps ordinaire, eût été impossible. Il me paraît intéressant que la maison Christofle ait pu travailler avec un designer de mon genre, considéré a priori comme éloigné de son image de tradition et de luxe.
Elisabeth Flory : […] Je suis obligée de reconnaître l’originalité des pièces des JMJ, malgré leurs formes plus traditionnelles. N’est-ce pas ce lien exigeant avec la tradition qui a permis la remarquable collaboration entre vous, le moderniste, et la maison Christofle, la classique ?
Sylvain Dubuisson : Quand on regarde l’histoire du calice, on remarque l’existence de deux familles : l’une très rudimentaire, avec le bol ; l’autre plus ouvragée, composée d’un pied, du nœud et de la coupe. Je souhaitais me détacher de ces catégories, mais j’étais aussi très soucieux de la métamorphose qui s’opérait dans ce vase sacré. Cela a abouti au premier calice. Je puis difficilement définir ses références. Mais je le considère comme une pièce très originale qui a représenté un grand moment dans mon travail.
Pour les JMJ, je cherchais moins l’originalité que l’évidence. J’ai présenté trois projets : un premier, très terrien, trapu, massif ; un second, aérien, et un troisième, dans la grande tradition des arts décoratifs français, mais ce dernier a été tout de suite écarté par Mgr Lustiger. Le premier était peut-être un peu trop rudimentaire, et il ne correspondait pas aux techniques de fabrication de Christofle. Il correspondait plus à un ouvrage de «meilleur ouvrier de France». C’est donc le deuxième projet qui l’a emporté, plus léger et d’une technique qui mettait en valeur le savoir-faire de la maison Christofle.
Je constate, dans le monde actuel des entreprises, une fascination pour la création, parce qu’elle est porteuse de dynamisme, mais aussi une réticence, parce qu’elle est facteur de risque. C’est une question de mentalité, plutôt que d’argent, qui aboutit au nivellement des produits. Nous sommes gérés par des managers plus que par des entrepreneurs, dans le sens aventurier du terme. J’ajouterai qu’aujourd’hui la création semble devenue suspecte. Au-delà de la crise économique, il y a la crise sociale : il est presque indécent de déclarer qu’on consacre son temps à la recherche et à la création. »
Renée Moineau, « Entretien avec Sylvain Dubuisson »,Chroniques d’art sacré, n°55, automne 1998, p. 18 – 20.
Légende de la photo : Sylvain Dubuisson, Orfèvrerie liturgique, Journées Mondiales de la Jeunesse 1997, Métal argenté et doré, l. 28 D. 16 cm. Fabrication Christofle. Photo Christofle.