Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7,  du 13 avril au 28 mai 2023, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est gratuite.

Vernissage le 13 avril 2022 de 18h30 à 21h, en présence de l’artiste et du père Michel Brière, commissaire invité par Angéline Scherf.

 

La Vitrine

« Le jour au jour en livre le récit,
la nuit à la nuit en donne connaissance. » Psaume 18

 

Thibault Lucas, « La vitrine », 2023

Une parabole pour les yeux.

Sa présence sollicite la présence. L’attention, la confiance, l’intelligence du cœur.
Ces quelques lignes n’expliquent pas, elles t’impliquent.

La vitrine ? Partie vitrée de la devanture d’un commerce, symbole de consommation, cette séparation transparente invite à faire du lèche-vitrines. Cette clôture exhibe une clôture dorée. Pauvre couverture de survie tendue par des ficelles comme on en voit sous le périph’ ou sous les ponts, pour abriter nos SDF.

La tente. Dans la Vulgate – une des anciennes traductions de la Bible – la tente se dit tabernaculum, tabernacle. C’est la tente de la Rencontre, dressée par Moïse au désert. Demeure souveraine et nomade, Dieu s’y manifeste.

Les traces de pliage dessinent comme un solide mur de briques. Un temple à la surface rayonnante de reflets solaires : ciel, façade de l’église, toi peut-être… Mais surface translucide qui aspire le regard à l’intérieur interdit.

La nuit le révèlera.

Latente, toute signification s’élabore au creuset d’une rencontre. S’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir, en revanche, il y a plus d’humilité à recevoir. Ce que l’Esprit souffle aux créateurs et ce qu’Il révèle aux tout petits. Fais-toi petit, accroupi, haut comme un enfant, et regarde. Dans la clarté lunaire et le faisceau d’une torche de camping, poussières, cailloux et morceaux de ruine. « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », dit Jésus à ceux qui ne croient qu’en la solidité de leurs propres constructions. Les plus solides architectures de pierres s’effondrent, les charpentes prennent feu… Le Temple relevé, spirituel, c’est nous, c’est l’âme. Et, précieuse comme l’âme, une petite tente scintille ou me renvoie ma propre image.

L’attente se mue en espérance aux lendemains de Pâques, dans la confiance de la foi. Laisse-toi relever. Révéler. De clôture en clôture, au-delà de la vitrine il y a encore, cachés (sauf le soir du vernissage) cinq tableaux dont l’un recèle la mémoire d’un échange fraternel avec un mendiant.

La parabole pour les yeux t’indique un mystère.

Père Michel Brière – avril 2023                                                                                                                                                                                                                    

L’artiste : Thibault Lucas

Thibault Lucas, né en 1984, vit et travaille à Paris.

Il est résident à Poush (Aubervilliers), ensemble d’ateliers bénéficiant d’un accompagnement artistique et de production. Pluridisciplinaire, il intervient surtout dans des lieux en retrait, en périphérie et dans les interstices de la ville.
Souvent par simples déplacements et agencements d’objets trouvés ou empruntés sur place, il se laisse guider par le lieu et ses contraintes, les matériaux et outils qu’il a sous la main, portes en pierre sous le périphérique, volcan dans une église, désert dans le hangar du Wonder… ou des tentes en papier sous un centre d’art : le motif de la tente est au cœur de son travail. Toujours en mouvement, son action à l’extérieur provoque des rencontres qui viennent nourrir chaque projet.

 

Pour écouter l’entretien du père Michel Brière avec Thibault Lucas enregistré à la Galerie Saint-Séverin le 10 mai 2023,  cliquez sur la flèche.

 

 

Président :         Laurent du Mesnil du Buisson
Coordination : Martine Sautory
Nathalie du Moulin de Labarthète

Montage :           Marco Alvarez

Légende photo : Thibault Lucas, « La vitrine », couverture de survie, lampe torche, miroirs et cailloux ramassés sur
le camp de crack de Forceval et ailleurs.
Thibault Lucas © Thibault Lucas