Exposition visible du mercredi au dimanche inclus, de 15h à 19h,
du 6 mars au 4 avril 1993 à la Galerie Saint-Séverin.

L’artiste, Gérard Garouste

« Né en 1946 à Paris, Gérard Garouste vit et travaille entre Paris et la Normandie.

Peintre et sculpteur, il est obsédé par les origines de notre culture, l’héritage des maîtres anciens et les mythes. Son histoire propre est à la base de son travail de « démontage des images et des mots », de sa préoccupation pour les questions de l’origine, du temps et de la transmission.

Ses toiles, faites d’associations d’idées, sont tour à tour inquiétantes et joyeuses, peuplées d’animaux parfois fantastiques et de différents personnages. Ses sources mêlent la Bible, la culture populaire et les grands textes de Cervantès à Rabelais. »
Texte Galerie Templon.

 

« Ce peintre a été influencé, dans son jeune âge, par Marcel Duchamp et ses ready made, fasciné par Zurbaran (d’austères, mystérieux personnages peints comme de natures mortes) puis a étudié Dante et la Divine Comédie, a lu la Bible, tel un texte fondateur. »
Germaine de Liencourt, « Les dix ans de la Galerie Saint-Séverin », Les Chroniques d’art sacré, hiver 2000, n°64, p.28.

Gérard Garouste est représenté par la Galerie Templon.

Le Qohelet par Gérard Garouste
Le point de vue de l’artiste 

« La mythologie est avant tout humaine. Elle porte des certitudes qui ne peuvent s’exprimer que par des allusions, des associations d’idées, des métaphores parce que la Vérité, qui vient du plus profond de notre être, est impossible à dire la Bible.

Le Qohelet vient d’une mythologie toujours vivante inspirée par un Dieu ? Je n’en sais évidemment rien mais, c’est justement par son doute et son errance que ce texte écrit depuis toujours reste étrangement moderne.

L’émotion que m’a donnée ce poème est à l’origine de quelques tableaux que j’ai fait ces dernières années. Pour cette exposition, à la Galerie Saint-Séverin, je présente une série de gravures, eaux fortes et aquatintes sur ce même thème. »
Gérard Garouste – 28 janvier 1993, dossier de presse Art, Culture et Foi.

Le point de vue du journal Le Monde

« C’est une exposition intime dans une petite galerie, mais une exposition dense, harmonieuse, heureuse en somme. Sous un titre savant, le Qohelet, autrement dit l’Ecclésiaste, Gérard Garouste a réuni quelques-unes des gravures qui lui ont été suggérées par la lecture biblique.

Images pieuses ? Illustrations ? Rien de tel. Les lignes s’entrelacent, s’accumulent en tourbillons et nuages et, de cette apparence de désordre, des corps et des lieux se distinguent peu à peu. Actions et expressions demeurent mystérieuses. L’œil reconnaît seulement des gestes amorcés, des fragments de paysages brouillés, des arbres qui semblent des torches, des rochers qui semblent des maisons, des ombres et des anges. Quelque fois un verset de l’Ecclésiaste copié d’une large écriture étirée, à peine déchiffrable, se superpose à l’image ou fait office de légende. Il ne l’éclaire guère pour autant. L’énigme n’en finit pas. 

Et c’est d’elle que ces eaux-fortes tiennent l’essentiel de leur grâce. L’élégance des esquisses, l’étrangeté d’un dessin qui se défait et se réforme sans cesse, la bizarrerie des compositions attirent l’œil. Il pénètre dans ces buissons ténébreux et s’y perd. Reconnaître des figures le rassure, les voir se dissoudre le déconcerte – long exercice de repérages et égarement alternés. A qui songer ? A de lointaines références, primitifs rhénans et danubiens, graveurs vénitiens experts en mythologies indécises, maniéristes pragois, apparitions goyesques – mais sans effroi, – symbolisme de Bresdin et de Moreau.

Serait-ce là la généalogie imaginaire de Garouste ? Il se peut. Ayant rompu les attaches qui le liaient aux engouements et aux modes contemporaines, il suit à sa guise, selon son rythme et ses rêveries, un cheminement de plus en plus singulier. Il lit tantôt la Bible et tantôt la Divine Comédie. Il se laisse porter par leurs poésies pour inventer la sienne. Il dessine, il grave, il peint des gouaches, sans guère se soucier de plaire ni d’être compris. Il est dans son œuvre, dans sa profondeur, libre de divaguer, libre d’inventer de beaux songes inexplicables. »
Philippe Dagen, « Enigmes de la vision, Inspirées de la Bible, des gouaches et des gravures de Gérard Garouste Le Qohelet à la Galerie Art, Culture et Foi », Le Monde, 16 mars 1993. 

 

 

 

Légende de la photo : Gérard Garouste, Sans titre, 1990-1992, 22 x 44,5 cm, eau-forte, pointe sèche.