Exposition visible du mercredi au dimanche inclus, de 15h à 19h, du 6 mai au 30 juin 1993, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.

Philippe Favier, Pentimento, 1993. Photo Didier L’Honorey
conservée au Centre Georges-Pompidou-Beaubourg, Mnam-Cci, Paris / Bibliothèque Kandinsky.

L’artiste, Philippe Favier

Né en 1957 à Saint-Etienne, Philippe Favier fait ses études à l’école régionale des Beaux-arts de Saint-Etienne. Il produit d’abord de petits dessins au stylo bille qu’il colle directement sur le mur. Remarqué par Suzanne Pagé, il est invité à participer à l’exposition Ateliers 81-82 au Musée d’art moderne de la ville de Paris (1981). L’artiste participe également à la Biennale de Paris, à l’ELAC de Lyon, et la Biennale de Venise (1984).

Lauréat du Prix de Rome de peinture et de gravure en 1985, Philippe Favier n’effectue que quelques courts séjours à la Villa Médicis et la quittera définitivement au bout de quelques mois.

Philippe Favier est représenté par la Galerie Ceysson & Bénétière.

 

« Découpages, peintures sous verre, collages et dessins sur ardoises d’écolier, son art est requis par le minutieux, le fragile, Pentimento, collage sur ardoise de Philippe Favier. Le vide, le futile et l’infiniment petit : les trois composantes du travail de Philippe Favier. De trois fois rien, il fait quelque chose qui a de l’étendue et de toutes sortes de pacotilles, il compose un surprenant archipel. 

A l’instar de Swift ou de Jacques Callot, Philippe Favier est aux prises avec un problème d’échelle. Il regarde le monde par le petit bout de la lorgnette, ce qui lui permet de le tenir à distance pour mieux jouer de lui. Ses vues ne sont pas seulement aériennes, elles sont cosmiques, faisant reculer les limites du perceptible jusqu’aux confins des sphères étoilées. »
Philippe Piguet, « Eloge du minutieux », La Croix, 10 mai 1994.

 

Philippe Favier, Pentimento, 1993. Photo Didier L’Honorey
conservée au Centre Georges-Pompidou-Beaubourg, Mnam-Cci, Paris / Bibliothèque Kandinsky.

Pentimento par Philippe Favier
Le point de vue de la revue France Catholique

« Puis est là, jusqu’aux premiers jours de juin, Philippe Favier dont le travail semble presque gai. Il utilise l’ardoise, le verre, le fond de boîtes de sardines, irisé comme une nacre, précieux plus que les brocarts ou les bijoux. Ce sont de très petites œuvres, minimalistes, essentiellement qu’il appelle Pentimento le nom italien de « repentir ». »
Ariane Grenon, « Culture et Foi à Saint-Séverin, Le lieu secret de l’Espérance », France catholique, N° 2403, 14 mai 1993, p. 25 – 26.

Philippe Favier, Pentimento, 1993. Photo Didier L’Honorey
conservée au Centre Georges-Pompidou-Beaubourg, Mnam-Cci, Paris / Bibliothèque Kandinsky.

Le point de vue du journal Le Monde

« Les « pacotilles » [série exposée, au même moment, en partie à la Galerie Saint-Séverin et à la Galerie Yvon Lambert]  sont des carrés et des rectangles de verre, avec menus collages et peintures, si nombreux qu’ils garnissent les longs murs de la galerie. Avant de s’approcher, l’œil perçoit d’abord la variété des couleurs et leur éclat. De près, la diversité des compositions se révèle : sur le verre, Favier a collé des images découpées dans des dictionnaires, des atlas, des étiquettes de bouteille, des manuels pratiques et techniques et des planches d’anatomie. Puis la peinture est venue, entourant les collages, qui semblent ainsi flotter devant un ciel vermillon ou azur. Après encore, avec une pointe très fine, -il a incisé la couche de couleur afin de faire apparaître d’infimes dessins, des silhouettes, des mots, des signes géométriques. De ces travaux successifs, qui tous exigent précision et calcul préalable, naissent des œuvres d’un extrême raffinement, parfaitement exécutées.

 

Philippe Favier, Pentimento, 1993. Photo Didier L’Honorey
conservée au Centre Georeges-Pompidou-Beauboug, Mnam-Cci, Paris / Bibliothèque Kandinsky.

Malgré leur nombre, elles ne sont ni répétitives ni lassantes, mais il en est, simplement, des suggestives et des muettes. Quand l’adresse se donne en spectacle, quand l’artiste fait admirer sa prodigieuse maîtrise, il lui arrive de s’en tenir là, à des harmonies plaisantes, à des formes à l’élégance bizarre, à une sorte de rococo contemporain, dont, peut-être, le prestige s’éventera. Quand il va plus avant, quand il glisse dans la composition quelque allusion picturale, une allégorie, un sous-entendu, elle prend aussitôt de l’ampleur. Des noms viennent en mémoire et l’on est tout près d’admettre que Philippe Favier eut pour grands-pères Max Ernst et Paul Klee. Du premier, il a conservé le goût des vignettes romantiques et du fantastique. Du second, il a par- fois la fantaisie ironique et le sens du macabre enjoué. 

[…] A Saint-Etienne, où il travaille, Favier a récupéré un lot d’ardoises d’écoliers usagées, rayées, fissurées. De ces accidents, de ces traces du temps inscrites sur le noir de la pierre, il tire admirablement parti. Des fractures naissent les lignes d’un paysage ou les fleuves d’une cafte. Quelques lambeaux de papier pelucheux découpés et collés précisent les formes et creusent un espace. Surgissent ainsi des natures mortes, des villes orientales Klee en Tunisie? — et des saynètes burlesques. La pointe d’acier a gravé, là encore, des phrases et des figurines à peine visibles […]. »
Philippe Dagen, « Les récréations de Favier, des œuvres rêveuses sur verre et sur ardoise », Le Monde, 14 avril 1993.

 

 

Légende de la photo : Philippe Favier, Pentimento, 1993. Photo Didier L’Honorey conservée au Centre Georges-Pompidou-Beaubourg, Mnam-Cci, Paris / Bibliothèque Kandinsky.