Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 3 février au 1er avril 2012, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.

Vernissage le 3 février 2012 à 18h, en présence de l’artiste.

L’artiste, Rebecca Bournigault

Rebecca Bournigault est née en 1970, elle vit et travaille à Paris.

Sa pratique est pluridisciplinaire, utilisant en parallèle aquarelle, dessin, photo et vidéo. Son travail s’affirme comme un art du portrait, à la frontière de la fiction et du réel. Ses influences proviennent essentiellement du monde musical, mais elle réalise également un œuvre de mise en scène de lieux communs, où la question de l’Autre est un thème récurrent. Son action propose des situations où autrui se révèle par ses silences ou ses récits.

L’artiste a bénéficié en 2011 d’une exposition personnelle au CAN (Neuchâtel, Suisse) et à la galerie Patricia Dorfmann (Paris). Elle a participé, entre autres, aux expositions collectives « Emporte-moi / Sweep me off my feet » (MAC/VAL, Vitry, 2009), « Playback » (Musée d’art moderne de la ville de Paris, 2007) « Notre Histoire » (Palais de Tokyo, Paris, 2006).

Rebecca Bournigault a également présenté à la Galerie Patricia Dorfmann, une série d’aquarelles intitulée Les émeutiers (2005-2011). L’artiste y fait un reportage des violences subies par les citoyens anonymes depuis les émeutes de Clichy-sous-Bois en 2005, jusqu’aux contestations populaires du Printemps Arabe.

Rebecca Bournigault, Installation Water, 2006, Galerie Saint-Séverin, Paris.
Photo Daria de Beauvais. 

Water par Rebecca Bournigault

« Il y a encore une tache.
[…] Va-t’en, damnée tache ! Va t’en, je te dis. Une, deux : c’est le
moment de le faire. L’enfer est tout noir. Fi, mon seigneur fi !
Un soldat et avoir peur ? Qu’est-ce que nous avons à craindre,
quand personne ne peut forcer notre pouvoir à rendre compte ?
Et pourtant qui aurait pensé que le vieil homme avait en lui tant
de sang ?»
Lady Macbeth, Macbeth, Acte V, Scène 1.

Avec l’œuvre vidéo Water (2006), Rebecca Bournigault recrée en trois points de vue un plan-séquence de vingt minutes, donnant à voir l’artiste se qui se lave les mains dans une eau limpide. Le montage, l’esthétique, le rapport au temps, contribuent à donner à ce geste simple différents niveaux de lecture.

Tout commence par un gros plan sur les yeux de l’artiste, continue par une vision de ses mains aux ongles rouges plongées dans une vasque d’eau posée au sol, puis par une vue générale d’elle assise seule par terre. Ces trois visions alternent en boucle, cette gestuelle lente et répétitive transmet autant une angoisse diffuse qu’une volonté de pureté.

Telle une Lady Macbeth s’échinant à faire disparaître une tâche de sang qu’elle est seule à voir, Rebecca Bournigault lave ses mains en un cycle sans fin, ne parvenant pas à nettoyer les impuretés qui les recouvrent et que nous ne pouvons apercevoir, peut-être tout simplement parce qu’il n’y a pas de faute à découvrir ?

Dans le silence et la sérénité, ce rituel de purification présenté en temps de Carême place le visiteur dans une situation de calme et de contemplation. Le seul son perçu est celui de l’eau, cristallin et apaisant. Chacun peut se projeter dans cette scène intimiste, vécue comme le prolongement d’une recherche plus générale de l’artiste sur la question du portrait.
Daria de Beauvais, commissaire – 2012

 

En savoir plus :
Voir & Dire
Instagram de l’artiste

 

Direction : Isabelle Renaud-Chamska
Programmation :
Daria de Beauvais

Légende de la photo : Rebecca Bournigault, Water, 2006, vidéo, couleur, son 23 min 27 sec.