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Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 13 mars au 7 juin 2020, avec prolongation jusqu’au 30 septembre 2020, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.
Vernissage le 12 novembre 2015 de 19h au 21h.
Hommage au peintre Roman Opalka, à saint François d’Assise et à ceux qui aimaient les oiseaux.
Artiste franco-polonais né en France en 1931 et mort en Italie en 2011. En 1965 il définit son travail de peintre avec beaucoup d’exigence tout en le faisant évoluer, ajoutant au geste du peintre, qui compte le temps en l’écrivant, la prise d’autoportrait photographique puis l’enregistrement de sa voix lorsqu’il peint un nouveau tableau. La Ballade de Melchior à Bazérac est une respiration nécessaire à son processus mais aussi l’illustration d’un certain rapport que Roman avait avec la Nature.
Cette exposition marque aussi la date anniversaire des 50 ans du travail sur l’irréversibilité du temps.
Une forte pensée nous fait nous rapprocher de cet homme, qui vécut à la charnière du 12e et 13e siècle en Italie, saint François d’ Assise, celui qui « parlait » aux oiseaux.
Yves Sabourin, commissaire – 2015
Melchior de Roman Opalka
Il y a 50 ans Roman Opalka débutait son projet de peintre sur le nombre : le temps compté.
Il y a 10 ans Roman Opalka composait le livre Melchior
« Le temps est une valeur subjective. On ne peut mesurer le temps. C’est nous qui sommes le temps.»
Roman Opalka
En 2002, lors de l’un de mes passages à Bazérac chez Marie-Madeleine et Roman Opalka, j’étais descendu de Paris avec Melchior, mon cacatoès corella, sur l’invitation bienveillante de Marie-Madeleine de rencontrer cet « oiseau rare ». Depuis 1996, nous avions créé des liens initialement professionnels pour la commande publique d’une tapisserie Chronome 63 – Que la lumière soit puis, la confiance si nécessaire à un tel projet nous a permis t’étoffer notre relation. À mon arrivée, le 8 février, j’ai installé Melchior sur un perchoir de fortune dans la grande salle commune et la journée s’est installée dans une conviviale ambiance. Lorsque Roman nous a rejoints, « l’Animal » en quelques secondes et envolées est venu se poser sur son épaule gauche. Le blanc rencontrait le blanc. Roman aux yeux bleus entièrement vêtu de blanc découvrait Melchior au regard bleu et intelligent, à la robe apparente entièrement blanche et pourtant légèrement colorée d’orangé et de jaune lorsqu’il déployait ses ailes et sa crête. Tant que nous étions tous ensemble, Melchior s’installait avec une grande familiarité sur son nouveau perchoir de « belle fortune » : Roman. « L’oiseau rare » s’est même permis d’aller se poser sur l’épaule de Marie-Madeleine, habillée d’une robe noire, du blanc sur du noir, comme dans les premières toiles de l’artiste. Roman qui était sensible à cette connivence établie par le Blanc me propose le jour suivant de faire une série de portraits avec Melchior dans son antre, son atelier entièrement blanc. Je m’exécutais et faisais une pellicule de 36 poses où la complicité entre ces deux êtres était évidente.
Le temps de cette halte de quelques jours, une rencontre unique s’est créée entre l’artiste et son visiteur ailé. Une œuvre était en élaboration.
En 2005, Anne-Lise Broyer, une amie et une artiste pertinente qui s’exprime par le livre d’artiste, la photo et le dessin, me demande de transmettre à Roman Opalka son invitation à participer à un numéro de Saison (une collection élaborée au sein de « Filigranes éditions » proposant à un artiste de composer entièrement un petit livre). Roman accepte et suggère, après en avoir discuté avec son épouse, de travailler sur sa rencontre avec Melchior. Il sélectionne six de mes photos et glisse un autoportrait exceptionnel et unique avec Melchior. Roman l’avait réalisé lors de ma visite, sans me le dire, dans sa rigoureuse et unique mise en scène élaborée en 1965 pour affirmer son projet du nombre : le dos à la toile en cours de production, le regard neutre vêtu de sa basique chemise blanche et le visage le plus impassible. Même Melchior se prend au jeu et pose. Il a une posture très étudiée, sophistiquée mais surtout pas maniérée. Quelle a été ma surprise de voir se glisser dans cette série de photographies cet unique autoportrait en cinquième position et de découvrir aussi le développé du « petit livre blanc » où Roman exprime son projet sur le temps nommé en intégrant cette grande respiration qu’est la « Ballade de Melchior à Bazérac ». Chez son photographe à Toulouse, il assiste et prend part au développement afin de contrôler le nécessaire équilibre des blancs. Ensuite, il recadre les photographies spécifiquement pour cette édition.
« Les photographies de mon visage sont l’image de la vie de tous ceux qui les regardent. »
Roman Opalka.
Les deux compères sont aujourd’hui là-haut, au Paradis, certainement en grande discussion avec saint François d’Assise, celui qui s’adressait aux oiseaux de la même manière qu’aux humains. Il faut posséder une dimension ultra respectueuse et simple pour pouvoir « discuter » avec les animaux sans avoir le besoin de dire un seul mot. C’est l’équilibre entre la force de l’esprit et celle de la matière. Les deux sont indissociables
Melchior est présenté comme une déclamation, dans la même configuration que Roman Opalka a scandé ses séries d’autoportraits, rythmant l’installation de ses photos par des espaces blancs, des silences, ceux qui cadencent le temps.
« Le temps n’est pas le même pour chacun puisque nous sommes tous différents.»
Roman Opalka.
1931 Naissance de Roman Opalka à Hocquincourt dans la Somme.
1957 Premier voyage à Paris
1965 Roman Opalka lance son projet de peindre le temps qui avance à son rythme. Pour cela, il utilise des toiles qui mesurent chacune 196 x 135 cm, le fond est peint en noir et les chiffres en blanc. Pour sa première toile, il commence à peindre avec un pinceau très fin en haut à gauche le chiffre 1, et termine en bas à droite. Puis il change de toile et recommence ainsi de suite. Dans la foulée, il associe le protocole de l’autoportrait photographique devant sa toile après chaque séance.
1968 Il décide de s’enregistrer afin « d’entendre le temps qui passe ». C’est aussi apporter une épaisseur supplémentaire, un engagement corporel, comme celui de se tenir chaque jour debout face à son chevalet dans une attention extrême. Une œuvre très rigoureuse dans sa conception où le faire a entièrement sa place.
1972 Il décide d’incorporer 1% de blanc dans le fond de chaque nouvelle toile, et avance inexorablement vers la blancheur du temps. C’est le passage de l’ombre vers la lumière.
1996 Il accepte mon invitation d’aller regarder du côté de la tapisserie d’Aubusson. Il réalise, dans le cadre de la commande publique, une tenture de 40m² environ tissée en fil de laine de teinte or et en fil d’or de deux valeurs, à Felletin dans la Manufacture Pinton. Cette œuvre Chronome 63 – Que la lumière soit est installée dans l’abside de la Cathédrale de Tulle juste derrière l’autel. Il érige une paroi « d’oro » pour méditer sur la matière temps.
2005 Avec Melchior, il montre que sa démarche, malgré son exigence, se nourrit aussi de « Petits moments de la vie » qui semblent essentiels.
2015 Nous sommes très heureux de commémorer les 50 ans du travail du nombre de Roman Opalka et les 10 ans du livre blanc Melchior.
Yves Sabourin, commissaire – 2015.
Direction : Olivier de Bodman
Programmation : Yves Sabourin
Coordination : Martine Sautory
Légende de la photo : Roman Opalka, Melchior, détail de l’oeuvre, 2005.