Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7, du 3 octobre au 30 novembre 2014, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.

Vernissage le 2 octobre 2014 de 19h à 21h, en présence de l’artiste.

Installée pour Nuit Blanche 2014, du 4 au 5 octobre l’œuvre est conçue spécialement pour la Galerie.

L’artiste, Jacques Villeglé

Né en 1926 à Quimper.

« Arrivée à un certain point de notoriété, voire de reconnaissance, une œuvre ne peut qu’être offerte à l’exégèse. Finie la linéarité du récit. Finie l’unicité chronologique. Livrer une œuvre à l’interprétation, c’est dessiner des perspectives nouvelles pour la comprendre. C’est la rejouer sans cesse. C’est en souligner la complexité. C’est montrer que l’un est multiple, contradictoire et que c’est au titre de la complexité et des dilemmes qu’elle affronte, qu’elle affirme sa richesse. On a longtemps dit et cru que l’œuvre de Jacques Villeglé était une et indivisible. À la différence de celle de l’ami Raymond Hains, elle se serait affirmée très tôt comme un bloc homogène, moins fragmenté, moins éclaté. Plus, elle lui aurait opposé une solution de continuité quand celle de Hains n’aurait jamais procédé que de ruptures et se serait constituée tel un archipel ou une constellation, un rébus. La récente rétrospective du Centre Pompidou a clairement mis en évidence une toute autre vérité. L’œuvre de Villeglé s’y révélait dans sa diversité, offrait une multiplicité de pistes et de recherches. Les affiches lacérées, certes, mais les Alphabets, le film, l’écriture voire les premières sculptures : Villeglé y apparait non pas comme l’homme d’un seul geste réitéré, répété au fil du temps mais aussi comme un chercheur, un descripteur, un « recycleur » pour paraphraser Pierre Restany. « Un recycleur du travail des autres, un recycleur du réel urbain, industriel, publicitaire », dans lequel Restany voit l’essence du mouvement qu’il parrainait en 1960, mais aussi un recycleur de lui-même. Là est sans doute l’un des points spécifiques de l’art de Villeglé : devenir le recycleur de lui-même, appréhender son propre travail comme une matière à pétrir sans cesse, à reformer et reformuler. »
Bernard Blistène, « La Peinture dans la Non Peinture : le dilemme de Jacques Villeglé », La Peinture dans la Non Peinture, cat. d’exposition, éd. Galerie GP & N Vallois, Paris (2010).

Jacques Villeglé est représenté par la Galerie Vallois.

Le sens caché des choses par Jacques Villeglé

Au début des années 2000, Jacques Villeglé abandonne la pratique artistique qui l’a rendu célèbre, l’arrachage d’affiches lacérées, au profit de son « alphabet socio-politique » commencé en 1969. Il s’agit d’un répertoire de signes prélevés sur les murs de la ville, marqueurs des tensions de notre époque, auxquels sont mêlés toutes sortes de symboles d’ordre scientifique, religieux, ésotérique.

Jacques Villeglé, Le Sens caché des choses, 2014, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Jacques Villeglé.

Pour la Galerie Saint-Séverin, Jacques Villeglé a choisi d’écrire une phrase avec cet alphabet composite. La citation qu’il a retenue, à l’image de l’imbrication des sens contenus dans chaque lettre, procède d’une mise en abyme de personnages. Le peintre Jean Bazaine, auteur d’un ensemble de vitraux abstraits commandés dans les années 1960 par l’église Saint-Séverin, cite le philosophe grec du IVe siècle avant J.C., Aristote, dans un livre où il exprime ses conceptions de l’art. Jacques Villeglé a lu il y a bien longtemps cet ouvrage, et la citation qu’il reprend ici, hors de son contexte, ne fait plus seulement écho à la question de l’abstraction en peinture.

La dimension universelle de ces propos nous renvoie à une méditation sur le leurre et l’apparence des choses, sur l’importance de l’art mis au service de la vérité. L’art pourrait bien révéler « le sens caché des choses », et ainsi éclairer les mystères de la création.
Sophie Duplaix, commissaire – 2014

 

Jacques Villeglé, Le Sens caché des choses, 2014. Détail. Encre de Chine sur papier aquarelle Arches 640 gr, 75,5 x 106 cm. Photo Jacques Villeglé.

 

En savoir plus :
Le point de vue de Sylvie Bethmont-Gallerand
Narthex
Voir & Dire

 

Direction : Père Norbert Hennique
Programmation : 
Sophie Duplaix

Légende de la photo : Jacques Villeglé, Le Sens caché des choses, 2014, Encre de Chine sur papier aquarelle Arches 640 gr, 75,5 x 106 cm, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Jacques Villeglé.