Exposition visible jour et nuit, 24h/24 et 7j/7,  du 14 février au 10 avril 2023, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est gratuite.

Vernissage le 13 février 2022 de 18h30 à 21h, en présence des membres de l’association « Unis pour l’Ukraine ».

 

Tocsin

Alexander Zhyvotkov est né à Kiev en 1964. Sa formation artistique commence au sein de son cercle familial : son père Oleg Zhyvotkov, artiste, était membre d’un cercle s’opposant à l’art soviétique officiel.

Sa carrière débute à la fin des années 1980, avant l’indépendance proclamée de l’Ukraine en 1991. Elle prend tout son sens dans les multiples directions artistiques (intitulées « nouvelle vague ») engagées dans le cadre des évènements sociopolitiques contemporains, tels que l’effondrement de l’URSS et la pérestroïka.

Dans ses carnets de croquis étudiants (1986 – 1988), le jeune artiste explore minutieusement au crayon, fusain, sanguine noir et ocre, des sujets qui deviendront essentiels dans son œuvre. Caractérisée par des lignes gravées aux formes expressives, la calligraphie fait partie intégrante de son style.

À ses débuts, il travaille des matériaux simples : cartons, textiles, agglomérés et bâches. Depuis 2014, son œuvre intègre des reliefs sur bois et pierre dans des installations monumentales. L’intérêt de l’artiste pour la culture de son pays lui sert de sources d’inspiration : qu’elles soient artistiques –  comme le décor des cathédrales de la région de Borisphenus – Dnipro et les saints sculptés de Johann Georg Pinsel – ou populaires, avec les balades chantées des chumaks et des marchands ambulants.

Après le début du conflit armé, le 24 février 2022, l’artiste choisit de rester à Kiev, et commence une série d’œuvres dédiées à la guerre. La plupart sont consacrées à des attaques précises dans des lieux : Bucha, Marioupol, Kherson, Vinnytsia. D’octobre à décembre 2022, sous les raids aériens, Zhyvotkov travaille sur une série de reliefs intitulés « Tocsin ». Sous forme de cloches, les trois stèles présentées ici sont sculptées et peintes dans le bois et le marbre montrant des visages marqués par le traumatisme des affrontements.

Exceptionnellement parvenues à Paris grâce au soutien de l’Association « Unis pour l’Ukraine » et de la Stedley Art Foundation, les œuvres de l’exposition Tocsin seront présentées jusqu’au 10 avril face à la tour-clocher de l’église Saint-Séverin qui abrite la plus ancienne cloche de Paris (1412).

                                                                                                                                         Angéline Scherf, commissaire   février 2023

 

L’artiste : Alexander Zhyvotkov

Alexander Zhyvotkov, né en 1964, est un artiste ukrainien qui vit et travaille à Kiev.

Il  étudie à l’école d’art républicain Taras Shevchenko (1975-1982, Kiev, Ukraine). Diplômé de l’Institut d’art d’état de Kiev (1982-1988, Kiev, Ukraine).

Sélection d’expositions récentes :

2023—2022 Revelation, Edem Foundation, Lviv, Ukraine ;
2022—2021 Pinsel, Ołędzki, Zhyvotkov Catharsis, The National Sanctuary Complex « Sophia of Kiev”, Kiev, Ukraine ;
2021 Tecum Veniam, Stedley Art Foundation, Kiev, Ukraine ;
2020 Keep the Roots, Yermilov Centre, Kharkiv, Ukraine ;
2019 Anno Domini (permanent exhibition), Pontifical Lateran University, Rome, Italy ;
2016 Transformation. Evidence, Kunst-und Film Biennale, Worpswede, Germany ;
2016 Motherboard, Stedley Art Foundation, Kiev, Ukraine ;
2014 Premonition: Ukrainian Art Now, Saatchi Gallery, London ;
2014 Kyiv.2014, Stedley Art Foundation, Kiev, Ukraine ;
2014 Ukraine. The Archetype of Liberty, Novomatic Forum, Vienna, Austria;
2014 Ukrainian Landscape, Mystetskyi Arsenal, Kiev, Ukraine.

 

Ecouter Alexander Zhyvotkov

Nous avons posé trois questions à Alexander Zhyvotkov qui nous a répondu de Kiev.

Cet enregistrement nous a été transmis et a été traduit par Oxana Melnychuk « Unis pour l’Ukraine », @Unis4Ukraine

 

Question ACF : Dans quelles conditions matérielles parvenez-vous à travailler, à faire face aux restrictions, à trouver des matériaux, à diffuser votre production, à établir
des contacts ?

A. Z. : La matière a toujours été pour moi de second ordre, c’est-à-dire que j’ai toujours privilégié le travail et l’envie. Le matériel existe et peut être trouvé n’importe où. C’est pourquoi je travaille avec tout ce que je trouve.

Il s’avère qu’au début de la guerre, j’étais dans la ville de Kiev, en Ukraine, où, à part du marbre, du granit, etc… il n’y avait rien d’autre donc j’ai travaillé la pierre.

Depuis mars 2022, plus d’une centaine de travaux ont été réalisés durant cette période. Eh bien, les trois œuvres qui sont exposées en ce moment à Saint-Séverin en font partie.

Question ACF : L’Ukraine est marquée par l’héritage byzantin, la mosaïque, l’icône. Pourriez-vous nous expliquer comment nous le retrouvons dans les œuvres que vous présentez à la Galerie Saint Séverin ?

A. Z. : Je dirai oui, c’est une liaison tellement constante, avec laquelle nous vivons constamment et n’y prêtons même pas attention, car nous avons grandi avec. Cette iconographie est dans notre sang, et d’une part c’est de l’iconographie, et d’autre part c’est un héritage pré-chrétien, et d’une certaine manière, il est entrelacé. Nous avons grandi avec cela, l’héritage byzantin, à Kiev est représenté par un chef-d’œuvre de la culture byzantine grecque – la cathédrale Sainte-Sophia avec  Oranta, la majestueuse Oranta, la protectrice du peuple ukrainien. C’est la culture non seulement de cette terre. Je peux énumérer beaucoup d`autre cultures, c’est la culture de l’Europe occidentale, c’est aussi la culture asiatique. L’Ukraine est un pays très intéressant, tout est lié ici, donc une grande migration d’Iran a traversé cette terre. Et elle s’est mêlée aux habitants locaux, donc parler uniquement de l’héritage byzantin est superficiel.

Moi aussi, j’ai beaucoup de sang différent mélangé en moi, cela s’avère être un signe. J’étais très admiratif devant la culture française, et Pablo Picasso, Georges Braque et Juan Gris, Fernand Léger, etc. etc. Comme le disait mon professeur : « tant que tu es jeune, tu devrais dévorer tout ce que tu vois dans l’art, et si tu as du flair et du talent, au fil des années tu t’en débarrasseras et deviendras toi-même. »

Question ACF : Quel message souhaitez-vous apporter au monde en nous confiant ces trois œuvres ? Comment devons-nous répondre à cet appel du tocsin ?

A. Z. : Une fois, j’ai vraiment apprécié et aimé la musique de Paco de Lucia, un célèbre guitariste, et j’enregistrais ses trucs à partir de la télévision et quelque chose s’est éteint et il n’y avait qu’une seule phrase incomplète – cela ressemble à ceci :  » je veux juste y aller ».  Et cette phrase est restée avec moi pour le reste de ma vie. Et je vis avec ça.

 

 

Président :         Laurent du Mesnil du Buisson
Coordination : Martine Sautory
Nathalie du Moulin de Labarthète

Montage :           Marco Alvarez

Légende photo :
Alexander Zhyvotkov, Série “Les sept appels”, N°4, 2022, bois, pierre, peinture, détail. © Alexander Zhyvotkov