Exposition visible du 22 décembre 2005 au 22 janvier 2006, à la Galerie Saint-Séverin. La visite est totalement gratuite.

Vernissage le 6 janvier 2006 à 18h, en présence de l’artiste.


Gérard Collin-Thiébaut, Odeur de Sainteté, installation, 2005, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Gérard Collin-Thiébaut.

L’artiste, Gérard Collin-Thiébaut

Sorti des Beaux-Arts en 1969, le jeune artiste voue alors une grande admiration à Jean Dubuffet. Qu’il va voir. Et duquel il reçoit l’appel formel à changer de voie. Un soufflet. Aussi décide-t-il de ne plus montrer son travail. De 1970 à 1980, pas de trace de ses œuvres. « Cet ascétisme me plaisait», confie-t-il. Certes, le jeune homme travaille pendant cette période. Cependant, ce n’est pas de l’art puisqu’on ne fait pas de l’art tant qu’on n’expose pas», note-t-il. Ce n’est qu’en 1982 que Gérard Collin-Thiébaut «passe à l’acte», selon ses termes. La galerie parisienne Durand-Dessert accueille alors ses premiers travaux. Il expose ensuite au Musée d’art moderne, au musée du Sénat, mais aussi à Montréal, Genève, Venise ou Glasgow. On lui passe en outre des commandes d’œuvres plus monumentales, telles que le Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (quai Branly, à Paris) ou la façade d’une médiathèque en Bretagne. 

Il s’éprend également d’une forme particulière d’art : la copie de textes, à l’allure où l’auteur les a rédigés. La copie de L’Éducation sentimentale est ainsi présentée à la Bibliothèque nationale en 1985. Il nourrit, de plus, un vif intérêt pour la reproduction de peintures célèbres à partir de puzzles achetés dans le commerce. « C’est une façon d’aller vers l’art», estime-t-il. Et toujours en explorant un champ différent. Tant et si bien qu’on ne peut pas me reconnaître dans l’une ou l’autre de mes expositions», convient-il, choisissant pour support tantôt la vidéo, tantôt la photo, tantôt même les ordinateurs portables, ou de simples tickets de bus. 

Au fond, Gérard Collin-Thiébaut cherche à faire bouger le regard, poursuivant une quête en forme de question: comment parvenir à les toucher ?
L.P., « Une exposition en « Odeur de sainteté » », La Croix, 12 janvier 2006.

Les oeuvres de Gérard Collin-Thiébaut sont visibles sur le site de l’artiste.

 


Gérard Collin-Thiébaut, Odeur de Sainteté, détail de la projection, 2005, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Gérard Collin-Thiébaut.

Odeur de Sainteté par Gérard Collin-Thiébaut

Gérard Collin-Thiébaut expose depuis vingt-cinq ans des œuvres qui font le plus souvent état d’un lien troublé avec les formes du passé. Il entretient avec les œuvres anciennes une relation ambiguë née de la certitude de ne pouvoir en reproduire la suavité en une époque d’innocence perdue. Les dispositifs qu’il invente sont à la fois un hommage à leur beauté et une relecture qui porte en elle les doutes de l’homme d’aujourd’hui, convaincu de venir « après » et de ne pouvoir retrouver l’élan fervent des artistes d’autrefois


Gérard Collin-Thiébaut, Odeur de Sainteté, détail de la projection, 2005, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Gérard Collin-Thiébaut.

L’œuvre présentée ici est la description de ce trouble contemporain. La source de l’image est présente, c’est la puissance du livre qui contient notre mémoire « power book ». Les œuvres anciennes qui défilent sur les deux écrans en abîme sont empêchées d’exercer leur fascination par un texte qui s’y superposant, à la fois célèbre les images et nous en interdit d’en jouir.

L’œuvre de Gérard Collin-Thiébaut présentée ici est construite sur ces contradictions fondamentales. L’allaitement célébré est à la fois puissance de vie et annonce de mort, la vierge est la mère si sainte et en même temps l’amante du Cantique des Cantiques. La lactation et la délectation sont troublées par les associations que le texte suggère comme l’homme d’aujourd’hui oscille devant les œuvres ou dans sa vie intérieure entre ses élans et ses craintes.
Jean de Loisy, commissaire – 2005


Gérard Collin-Thiébaut, Odeur de Sainteté, projection, 2005, Cloître Saint-Séverin, Paris. Photo Gérard Collin-Thiébaut.

 

Direction : Isabelle Renaud-Chamska
Programmation : Jean de Loisy
Presse : Catherine Orphelin

Légende de la photo : Gérard Collin-Thiébaut, Odeur de Sainteté, 2005, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo Gérard Collin-Thiébaut.