Exposition visible du 1er au 20 décembre 1992, à la Galerie Saint-Séverin.

L’artiste, Alain Kirili

Né à Paris en 1946 (mort en 2021 à New York). Il vit et travaille à Paris et à New York.

 

Crucifixion par Alain Kirili
Le point de vue du Figaro

« Ce n’est donc pas la foi catholique chez l’artiste qui guide les choix de l’abbé Ladey* mais d’autres exigences. Il lui importe, avant tout, que l’artiste et son œuvre expriment, quel qu’en soit le cheminement, une recherche spirituelle et une espérance. De grands créateurs dont l’œuvre ne laisse aucun espoir de rédemption […] Louis Ladey estime que l’Eglise ne pourrait faire appel à eux.

A l’inverse, considérons les sculptures d’Alain Kirili ; elles expriment clairement une quête d’absolu et le fait que Kirili soit juif ne lui interdit pas de travailler sur des crucifixions. Kirili lui- même s’en est souvent expliqué avec l’abbé Ladey : 

— Aucun artiste occidental, dit Kirili, n’est accompli aussi longtemps qu’il n’a pas réussi à représenter une crucifixion, patrimoine commun et acte fondateur de notre civilisation. 

Regardons de près cette crucifixion de Cheuge : les torsions et martelages infligés par Kirili en disent long sur la confrontation de l’artiste avec le thème autant qu’ils révèlent le combat du Christ avec la souffrance ; nous sommes loin de l’imagerie sulpicienne et proche de la vérité. 

— Voyez, dit l’abbé Ladey, comme le geste n’est qu’esquissé, l’histoire est incomplète et, en même temps, tout y est, l’œil prolonge ce que Kirili ne représente pas. 

Les fidèles de Cheuge en sont-ils interloqués? Jamais en tout cas ils ne l’ont manifesté. L’abstraction contemporaine, observe l’abbé Ladey, est bien acceptée, aussi longtemps qu’elle se cantonne dans la décoration, les vitraux, les tapisseries, les objets du culte. Pour l’iconographie, c’est une tout autre affaire ! »
Guy Sorman, « LA PASSION DE L’ABBE LADEY », Figaro-Magazine, mai 1992, p. 117 – 121.

* L’abbé Louis Ladey est vicaire du Sacré Coeur de 1937 à 1947, puis secrétaire de la Commission diocésaine d’art sacré de Dijon en 1988.


Le point de vue d’Art, Culture & Foi

Pour la première fois, Alain Kirili expose ses dessins calligraphiques Crucifixion, 1980-81 avec une installation au mur de dessins au crayon à l’huile et au sol d’une terre cuite blanche.

Alain Kirili à la suite de Matisse pense que « l’art est une prière ». Les crucifixions surgissent d’un geste libre de calligraphie sans intention iconographique préméditée. Kirili dit : « par la calligraphie, j’ai rencontré la crucifixion. »

Son œuvre récente associe la sculpture en terre cuite avec les dessins de crucifixion. Le sculpteur désire évoquer ici la relation iconographique du premier Adam (la terre cuite est la présence équivalente du crane au pied de la croix dans la peinture religieuse) et du dessin du christ, deuxième Adam. Il souligne qu’Adam, venant de l’hébreu, terre, il désire transformer l’abstraction du modèle en une symbolique religieuse. Kirili peut alors offrir une nouvelle concordance des testaments.
Art, Culture et Foi, dossier de presse – 1992.

 

 

Légende de la photo : Alain Kirili, Crucifixion, 1992, Galerie Saint-Séverin, Paris. Photo publiée dans l’article d’Ariane Grenon, « Culture Et Foi à Saint-Séverin, Le lieu secret de l’Espérance », France catholique, N° 2403, 14 mai 1993, p.25.